mardi 15 mai 2007

Ne pas trop serrer les petits lapins

C'était le week-end "petite enfance", à Pantin, place Stalingrad. Des petits chapiteaux, avec des jouets, des puzzles, des voitures en plastique, une dinette. Un parcours sportif, fait de cerceaux, de matelas, de tapis, de trampolines, parcours rangé et deballé au fur de la pluie qui cesse et retombe. Des moyens modestes, car il n'y a pas de casino, à Pantin, mais le coeur bat à gauche. Le café est offert.

A côté des toilettes, un coin "ferme des animaux", comprenant une vache, un veau, trois cochons, une poule et vingt-trois poussins, deux moutons, deux brebis, et une chèvre. Plus, sous une cage de fortune, une lapine et huit petits lapins. Les lapins étaient tellement mignons qu'ils ont failli provoquer une émeute parmi les enfants de moins de quatre ans. Le fermier disait à ceux qui s'emparaient des boulettes de poils, à travers la cage, comme des doudous : "ne les prenez pas dans la main !", puis s'adressant aux parents en désignant les bébés lapins : "ce soir, ils sont morts..." En effet, compresser un petit lapin dans sa main leur provoque une agonie certaine, quelques heures après. Nous nous regardons, avec ma compagne, moment étrange, fait du bonheur débridé des enfants, et de la mort prochaine de petits lapins, broutant gaîment leur paillasse.

Kéké regarde la vache. Il s'écrit, du fond du coeur, comme Archimède découvrant la Relativité d'Einstein : "Meuh !!". Enfin, ces animaux des livres, ces chimères fermières, ne sont pas des inventions de ses parents. La bête existe, la vache, grosse comme une barrique, comme une voiture, comme une grosse vache. Elle regarde mollement de travers, comme si elle avait brouté une paquet de Prozac, abrutie par le bruit perçant des enfants. A midi, ma compagne nous a préparé un steak. Je suis mal à l'aise avec Kéké, mimant l'émerveillement devant cet animal extraordinaire et sympathique, que Kéké veut caresser, et dont nous mangerons à midi. Plus tard, à E. : "je crois que nous devrions devenir végétariens."

Les moutons, eux, ne sont pas farouche, ils courent à travers les jambes des enfants, comme si c'étaient leur week-end à eux, avec découverte des humains.

Puis, avec Kéké, nous sommes allé au grand parc, dévaler en crissant de joie, de vastes pelouses fraîchement tondues.

La lanterne magique

Quand l'étincelle a disparu, dans cette lanterne magique qu'est la tête, le film du monde est laid. On regarde le soleil qui s'y...