vendredi 12 octobre 2007

Twitter ou un bref instant de misère

Twitter est un fabuleux outil : un peu comme la pince à peinture, le manche à eau ou la poignée à coussin, c'est farouchement inutile, mais on ne s'en passe pas.

Il m'est arrivé hier soir un petit moment de misère humaine, d'ultra moderne solitude, grâce à twitter. Connaissez-vous le principe de twitter, au fait ? Pour les béotiens qui ne savent pas et que je respecte tout de même (comme par exemple Nelson Mandela, ma mère, mon fils, Jimi Hendrix ou Jean Rochefort), voici un rappel.

Inspiré d'une compagnie aérienne et maritime à bas prix (Truite AIR),...

Non, allez, revenons à nos thons mous : sur twitter, on dépose des petits messages très courts, spontanés, sensés expliquer en 255 caractères ce que l'on fait, actuellement. Le succès foudroyant de ce service vient du fait que l'on peut "twitter" (lire et écrire des messages) très facilement, grâce à son téléphone portable, ou une messagerie instantanée comme Gtalk, par exemple.

On twitte dans le métro ("eballadur: je suis dans le métro, il fait chaud"), dans la queue à la poste ("fais la queue à la poste. Oulala ya du monde"), en prison ("oula la que je m'ennuie que c'est long 20 ans"), à l'hôpital ("aie aie aie je vais mourir, kikoolol") Petit gadget mignon, site tamagochi, design rococo-myspace, twitter n'est pas très important, mais ne nécessite pas beaucoup d'effort, ce qui fait un rapport qualité/prix, pardon, utilité/effort tout à fait acceptable.

Dans twitter, on "suit" des gens, et tous les petits messages arrivent chez nous, comme dans un petit feu de cheminée. Quand le suivi est réciproque, twitter se transforme vite en chat, taverne privée-publique, avec des "@" de partout.

Exemple :
"machin : Tiens, le soleil est jaune."
"truc : @machin, oui tu l'as dit c'est étonnant : http://tinyurl.com/2j3vpy"

Hier soir, donc, j'ai ma petite messagerie allumée, lorsque je reçois un message de Thierry Bezier. Ni une ni deux, je lui réponds. Bon, pas de réaction. Ca arrive parfois, souvent, twitter n'est pas un chat en vérité. Puis soudain, le doute m'envahit, et mon monde s'écroule : je me mets à consulter la liste des "suivis" des gens que je "suis" de mon côté. Et là, je vois que ce "Thierry Bézier", à qui je réponds parfois, ne me "suit" pas du tout. Mais alors absolument pas. Et comme beaucoup d'autres, à qui je pensais parler, au fil de l'eau.

Que je suis distrait. Petit glissement du terrain de ma mémoire. Rétrospectivement, je me souviens de toutes mes interventions primesautières, au milieu de ces micro-conversations. Petit garçon qui lève le doigt pour dire "moi je sais m'dame ! moi je sais ! " Je causais tout seul, en fait, dans le vide. Je suis un dead people. J'évolue au milieu des gens, sans m'apercevoir que je n'existe pas.

Je m'imagine parler avec un poster : alors, @Mick Jagger, bonne journée today ? Je m'imagine parler avec la télévision : oui, @Kimberley, c'est horrible ce que vient de faire @Gaylord. Je m'imagine parler au cinéma : attention, @Bruce, mais tu vois pas que l'hélicoptère va te lancer des bombes à ninja ?

Ma honte en direct : http://twitter.com/balmeyer.




Je me moque, mais j'aime bien twitter. C'est un peu le haïku du blog : il y a peu d'informations, et à partir de rien, de quelques empreintes de mots, on se prend à imaginer la vie d'inconnus laissant de furtives traces à travers le réseau.

Mon twitter préféré est celui de bibzdidine : c'est amusant et j'ai toujours un sourire : http://twitter.com/bibzdidine




Allez, une petite satire, Eric : Loïc Lemeur.

- Sun shines on San Francisco ! It's a good day to be an entrepreneur.
- Wondering who is the strongest ? Batman 1.5 core 1.5 Mhz or Superman 1.4 WWI 5 GO ?
- Bring child 1.0 and child 2.0 to school.

Etc.

Allez, je m'en retourne travailler dans ma crypte.

bal "dead people" meyer

La lanterne magique

Quand l'étincelle a disparu, dans cette lanterne magique qu'est la tête, le film du monde est laid. On regarde le soleil qui s'y...