mardi 2 octobre 2007

La bure de Merlin

Une immense blonde, tailleur rouge, jupe courte, traverse le boulevard avec souplesse. Aux premières loges, huit ou neuf pilotes de scooters sont pétrifiés. Un timide sifflement s'échappe d'un passager arrière. Il est clair qu'un pickpocket doué peut à ce moment subtiliser deux ou trois scooters sans difficulté. Le feu passerait au vert, quelques types en costard, casque intégral, debout devant sur la chaussée, tourneraient machinalement la main pour accélérer, en vain.

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Pour kéké, il existait deux type de camions : "les gros cacons". "les piti cacons". Une troisième espèce a été découverte : "les piti gros cacons".

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Vendredi soir, je suis sous antibiotiques. Oh, non, je ne vais pas acheter de vin, sinon je vais être malade, me dis-je, car le mélange, etc. Saint Balmeyer. Hier, bières. Léger oubli. Tête bulbeuse, impression d'être un camion citerne. J'ai plus de souvenirs que si j'avais, etc. Grandes oreilles pointus, un air sévère, comme monsieur Spoke. Je me lève, et je déclare, tel Gorbatchev : "Il faut cesser de boire immédiatement, sinon ce soir, je vais droit dans le mur". Un mur tombe, à berlin.

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Monsieur Romano a travaillé avec Benjamin Biolay. Se faire passer un savon par sa belle-mère, Catherine Deneuve, ça doit être quelque chose.

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Je m'étais dit : tiens, si je fais trente-trois billets pour ce mois, pourquoi ne pas faire un billet en relation avec une année ? Exemple, ce billet serait celui de mes deux ans.

A deux ans, je suis blond. J'ai une casquette, je ressemble à Brian Jones. J'ai une salopette. J'ai l'air gentil sur la photo. Ma mère aime David Bowie, avec ses joues creuses et sa chevelure péroxydée, c'est le portrait de Ziggy Stardust. Elle est immensément jeune, nous sommes une famille de paysans, je suis quelqu'un d'accidentel. Amnésie originelle. Je suis pour l'avortement, bien sûr, mais mes grands-parents non, donc je suis vivant, actuellement.

Je marche dans un jardin du sud tandis que mes parents divorcent. De temps en temps, ils vont faire la fête, c'est normal, à leur âge, ils sont si jeunes ; il m'a semblé être plus souvent torché qu'eux, à leur identique adolescence. Je suis chez mes grands-parents, mon grand-père est taiseux. Il me regarde avec bienveillance, effacé, je sais qu'il m'adore, il n'a pas de mots. Il me trimballe dans des vignes, la verdure est enivrante, je trébuche alors. Plus tard, il meurt. Une après-midi, tout de même, je suis dans une 4L, avec mon père, il parait que je hurle tout du long, je réclame ma mère. Les jeunes enfants sont viscéralement attachés à leur mère, je m'en rends bien compte maintenant. Pour kéké je suis un superbe figurant, l'empereur des pirates ; mais sa mère tout de même...

Ce matin, dans le métro, je vois un groupe d'enfants qui envahit la rame à la station Havre-Caumartin. Comme si on n'était pas déjà assez nombreux ; dans la rame je veux dire. On les rassemble autour d'une barre, ils s'agrippent, on dirait une grappe de raisins. Les enfants regardent autour d'eux, minus, ce sont des gens tronqués, il mesure la moitié de nous. Ils dévisagent les passagers, et dans la promiscuité du wagon, semblent se blottir comme des pingouins sur la banquise. Ils ne sont pas avantagés à la base. A la station Adulte, on se détend, on a grandit, on est plus obligé d'être piétiné par des gens obèses, on siffle au passages de cadres en jupe, à l'arrière des scooters.

C'est maladif, j'ai de l'empathie pour les enfants. Ils sont heureux, ils ont des beaux manteaux qui les enveloppent, et moi il faudrait que j'arrive, avec mes antibiotiques, mes dents, pour dire : "C'est moi le messie des petits ! Venez à moi, mes chers nains, je vous protégerai contre toute cette foutue adversité ! "... murmures : "Maman, j'ai peur ! "

La lanterne magique

Quand l'étincelle a disparu, dans cette lanterne magique qu'est la tête, le film du monde est laid. On regarde le soleil qui s'y...