jeudi 4 juin 2009

Bouquet dégarni

La coiffeuse me ratiboise. Je me regarde, elle y met du sien, j’essaye de me trouver beau, pour lui faire plaisir.

A côté, un type très propre, très sympathique, déclare qu’il a cessé de travailler jusqu’à trois heures du matin, parce que ça ne servait à rien. Il a des chaussures en cuir très classe. Il raconte l'enterrement de vie de garçon d’un ami. Il dit que c’était très bien, très correct, peut-être qu’ils se sont murgés proprement. Il raconte aussi que le futur marié était déguisé en je sais plus quoi, avec des habits roses. Ça devait être super marrant, j’imagine.

Je suis en face de moi, un miroir considérable. Je suis mon propre éléphant dans le couloir, impossible de me rater. Un souvenir me revient, enfant chez le coiffeur : je me dévisageais en pensant que c’était étrange d’être soi même, d’être borné par soi même, comme un enclos. Un tout petit territoire humain, avec des haies, on y broute dedans, on n’en sort jamais.

Il parait, dis-je avant de partir, que je me dégarnis, au sommet du crâne. Elle fait la moue et dit : oui, ça commence. Un conseil : un léger massage tous les jours, sur le cuir chevelu. Comme ça. Là. Je pense alors : on est pas obligé de dire la vérité, non plus.

La lanterne magique

Quand l'étincelle a disparu, dans cette lanterne magique qu'est la tête, le film du monde est laid. On regarde le soleil qui s'y...