vendredi 18 septembre 2009

Métamorphoses

Mon fils ce matin a tenté une technique inattendue pour éviter l’école : il s’est transformé en poisson. Nous l’avons découvert ainsi, au lit, emballé dans sa couette. Du tissu informe sortait un son étrange : poa poa poa.

Découvrant la créature se tortillant sur le matelas, nous nous sommes exclamés : misère de malheur ! Notre cher enfant s’est transformé en poisson. Comment pouvons-nous l’emmener à l’école dans cet état ? Nous allons nous faire réprimander par la DDASS. Nous l’avons supplié alors de retrouver sa forme originelle. Mais la créature ne faisait pas d’effort, elle semblait heureuse de son sort.

Malgré ce nouvel avatar, nous avons taché de faire bonne contenance. Dépêchons-nous ! Nous sommes en retard ! clamions-nous, mais le rejeton s’excusait toujours : « je ne peux pas aller à l’école ! Je suis un poisson ! »

C’était la vie qui se vengeait de m’avoir fait poissonnier, un jour, dans un Marché U de Lyon. J’en avais découpé, débité, des tas, de cette engeance marine, et maintenant mon propre fils était un poisson. Adoptant le déni en désespoir de cause, nous nous sommes emparés du menu fretin pour le doter tant bien que mal d’ habits humains.

Le poisson-fils fut ainsi conduit en classe. Les yeux honteux fixés au sol, nous nous attendions à de sévères remontrances. Il n’en fut rien. Le monde est étrange ! L’institutrice accueillit notre poisson avec infiniment de naturel. Dans la classe du vendredi, découvrant autour de nous singes, larves, poules, cochons et autres chimères se débattant au sol - bestiaire étonnant ! - nous sommes parvenus à la conclusion que certaines semaines de septembre, lorsqu’elles duraient trop, se terminaient par des métamorphoses.

La lanterne magique

Quand l'étincelle a disparu, dans cette lanterne magique qu'est la tête, le film du monde est laid. On regarde le soleil qui s'y...