vendredi 7 mai 2010

DB nous quitte

Un bref commentaire laissé sur son blog par son compagnon m’apprend le décès de Dominique Bardel, le 5 mai au matin. Elle tenait le site « le jardin de DB ». Atteinte d’un cancer, on lui avait signifié il y a peu sa guérison... elle avait décidé alors d’ouvrir un blog, la « survivante », pour raconter la vie d’après, son répit, avec son implacable humour habituel.

Il n’y a que huit billets, je vous invite à les découvrir.

J’ai rencontré Dominique il y a deux ans, au Festival de Romans. C’était une femme très sympathique, nous avions pas mal échangé depuis, j’appréciais son esprit pétillant, sa sollicitude, prolixe, incisive, bienveillante.



J’en profite pour glisser une pensée pour François, tant qu’à s’affliger. A l’époque, lors de son décès, étant un peu éloigné de ce support, je n’avais pas jugé utile d’écrire quoique ce soit. L’ayant rencontré, lui, ainsi que sa femme et ses enfants, j’avais été assez choqué par sa disparation soudaine : il était jeune, son métier était de dessiner des dessins pour les enfants, ça n’était pas du tout sensé lui arriver.


De manière générale, je m’étais fait la réflexion, il y a quelques temps, que le blog était un outil encore jeune, une ridicule poignée d’années. Nous racontons des anecdotes, dans l’instant ; le temps qui passe, c’est quelques anniversaires accumulés, un bambin qui se met à marcher ; un départ en vacances et un retour deviennent toute une épopée. Les élections suivantes, c’est la fin du monde. La Retraite dont on parle comme de la théorie du Big Bang, la fin des temps.

Je m’étais dit : que va-t-il se passer, dans trente ans ? Comment tout cela va-t-il vieillir ? Quand certains de ce que nous avons lus viendront à mourir, de quoi auront nous l’air avec nos lol, nos mdr, nos jeux de mots laissés distraitement entre deux tâches laborieuses ? Cet espace verbeux, figé, fantomatique, demeurant intact sous la forme rieuse d’un sapin de Noël, dans l’attente de l’anecdote suivante, comment va-t-il (ne pas) durer, jusqu’à ce qu’un technicien coupe le courant ? Cela va-t-il s’épaissir, se remplir à force, ou bien cela va-t-il s’écrouler sous sa vacuité, sa futilité ?

Dans l’intervalle, entre des inconnus et nos amis d’enfance, ces gens que nous côtoyons en pointillé, de quelle manière les aimons nous, au fond, y-a-t-il un instrument, une échelle, un référentiel pour mesurer notre affection, y-a-t-il un jury pour décréter ce qui est valable, entre la vraie vie et la fausse ?

Pour François, par exemple, alors que je le connaissais si peu : c’est en l’observant dans l’herbe avec son fils que le mien a découvert l’étrange concept de « bagarre », et que, par la suite, il s’est mit à me sauter dessus comme un catcheur. C'est une trace. Quand mon fils le fait, non, disons une fois sur quatre, j’ai une pensée pour lui ; je ne sais pas si je peux parler de chagrin, ou de manque, ne serait-ce que par rapport à sa famille, ou ses amis, mais c’est, sans conteste, véritablement, une trace laissée, une ombre qui demeure.

La lanterne magique

Quand l'étincelle a disparu, dans cette lanterne magique qu'est la tête, le film du monde est laid. On regarde le soleil qui s'y...