mercredi 26 novembre 2008

La petite sardine

Kéké vient me voir, il rampe au sol, près du lit : « protège moi papa ! Je suis la petite sardine ! » Je le hisse sur la barque, il continue : « regarde, un requin-minou qui me poursuit ! »

Le requin-minou est allongé sur le sol, féroce prédateur orange des mer, chasseur cruel et sanguinaire, il feint la léthargie, en ronronnant, étalé, inerte, mais c'est pour mieux tromper ses proies, les pauvres petites sardines, qui abusées par cette apparente bonhommie se laissent dévorer atrocement, par surprise, puis meurent en agonisant, ou agonisent en mourant.

« Regarde, continue Kéké, le requin-minou va nous attaquer ! » Nous tremblons de peur, blottis dans la barque, sous la couette, tandis que le terrible animal nous dévisage de son œil vert, maraudant autour de nous, se rapprochant peu à peu, mais sans vraiment se déplacer en fait, ronronnant juste au sol comme un gros chausson au pomme. Puis le requin-minou se lève, s'étire infiniment, fait le dos rond, et s'en va lentement, roupiller dans la pièce à côté.

Nous sommes soulagés. La menace est écartée, maintenant. Mais Kéké se penche au bord du lit, et trouve un nouveau danger : « regarde papa, le requin-chaussure ! Il va nous attaquer ! »

Le requin-chaussure attend, tapi dans l'ombre, sa bouche démesurée grande ouverte, pleine de lacets. Il patiente, inerte, objet inanimé, mais c'est pour mieux tromper ses proies, les pauvres petites sardines. Papa protège moi ! Le requin-chaussure va nous attaquer.

Comme la vie est dure pour les petites sardines.

Il y a trois ans, nous avons péché non pas une petite sardine, mais une petite crevette. Je la décortique tous les soirs avec toujours autant d'appétit. Bon anniversaire Kéké !

[image : source]

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