Et maintenant une page de publicité.
Je suis parti prenante, ayant investi la moitié de ma fortune, c'est à dire quatre milliards de dollars, dans ce projet fou : publier un blog.
En fait, il s'agit simplement d'une petite expérience, diffuser un recueil, avant sa sortie sur papier, dans un blog. On y trouvera des illustrations accompagnées de textes brefs. Les illustrations sont des gravures sur linoléum. Est-ce que cette technique brute et sensuelle va passer sur un écran d'ordinateur ? Nous verrons bien.
Si cette lecture vous intéresse, je vous suggère d'ajouter momentanément dans vos favoris et autres netvibes ce blog qui durera un mois de janvier 2008. Ça va être, bref et furtif. Les auteurs diront ce qu'il en ressortira.
Les gravures sont signées Cindy Cookie, les textes Jean Valstar.
C'est ici : http://nclubbing.blogspot.com
Ce billet a été sponsorisé par moi.
lundi 31 décembre 2007
Renaissons de nos cendres : la plus grosse ?
En cette période de fin d'année où entre collègues blogueurs on s'amuse à sortir des listes, des statistiques, des liens, nous avons encore une fois constaté en discutant avec Gaël et Nicolas qu'il s'agissait définitivement d'un truc de mecs.
Ceci et une conclusion objective et quasi scientifique, fruit d'une longue observation du grand Internet de la part de vaillants spécialistes. C'est toujours le même cirque. Alors qu'on cause tranquillement de trucs absolument passionnants, genre technorati, "authority", ping, twitter, accoudé au comptoir de notre clavier, devisant l'air sérieux comme des colonels, on entend derrière l'épaule, dans des commentaires, des gloussements incisifs sur le refrain : "héhé, hinhin, qui a la plus grosse ?".
Il ne faudrait pas abuser. C'est quand même nous qui nous battons pour la patrie, tandis que ces féroces soldats viennent mugir jusque dans nos bras pour égorger tout le monde, filles, compagnes, et là, allez tenir des blogs de filles, la tête égorgée. Alors ça donne bien des droits.
Bon, pas besoin de me justifier, mais il faut quand même faiblir à un vice bien pire : le bavardage.
Faire une bonne grosse liste de liens sur son blog, ou une petitoune, a plusieurs vertus.
Il n'y a pas de définition arrêté du "blog", mais je dirais quand même que lire et écrire, découvrir et passer le relais est un basique, une sorte de slip du blogueur. Moi par exemple, dans le souci de construire une ambiance, d'avoir une cohérence quand le sujet est intime, personnel, je ne mets pas de liens. C'est ballot. Autre explication moins avouable, je mets peu de liens vers les autres car je doute en écrivant, et j'ai bêtement peur que le lecteur se déconcentre en papillonnant à droite à gauche. C'est ballot au carré. Ne soyez pas sévère, vous voyez bien que je me mets tout nu, là. Et je regrette alors de ne pas assez ouvrir de portes vers les autres, d'autant que les autres ne sont parfois pas avares d'en ouvrir.
Mettre des liens, c'est un peu nous faire vivre. C'est la respiration des blogs. Nous ne sommes pas grand chose individuellement, et aérer un peu notre chambre, faire passer l'air vers d'autres horizons, ça fait vivre notre grand corps blogosphérique (je suis lyrique, pourtant je ne suis pas ivre).
D'un point de vue plus technique, mettre des liens a du bon, sur le référencement par exemple. Ceci augmente dans les moteurs de recherche divers (google, technorati, wikio, etc.) la présence de vos amis blogueurs.
Moi personnellement, je m'en fous. Certes, ça m'intéresse de comprendre comment ceci marche, car je travaille dans ce domaine, mais pour mon "chez moi", ce n'est pas le propos. Je suis plutôt à la recherche d'un petit nombre de lecteurs. Ce n'est pas que je suis un saint, ni un sain, ni un sein, ni un cinq (mais con oui un peu), mais le ton de mon blog ne se prête pas à la circulation de masse. Ça serait dommage, au bas de mes articles sur kéké, d'avoir des trolls abrutis me mettant des spams, des bêtises, des pubs, des "toi t tro kon". Je suis prudent. J'aime être lu, j'aime les compliments, mais j'aime aussi la douce et cordiale intimité d'un trafic à visage humain. Comme l'a démontré Jegoun, avoir 7000 visiteurs sur une nageuse nue, ça n'a pas de sens. Gagner un lecteur en plus par semaine, parce qu'il a entendu parler de vous chez untel qui lui même, etc., voilà le bonheur, le panard, l'orgasme, la récompense.
Mais... si personnellement je m'en fous, je trouve qu'il est important que mes collègues qui tiennent souvent des blogs engagés bénéficient d'un peu de ce carburant, car techniquement même un blog microscopique ajoute sa pierre à l'édifice. Moi je ne fais pas de politique, car je suis maladroit avec ce gros pistolet, mais il est bon que mes collègues blogueurs, ces vaillants pistoleros du verbe, ces bateleurs comiques et vigilants le fasse bien en mon nom.
Ceci et une conclusion objective et quasi scientifique, fruit d'une longue observation du grand Internet de la part de vaillants spécialistes. C'est toujours le même cirque. Alors qu'on cause tranquillement de trucs absolument passionnants, genre technorati, "authority", ping, twitter, accoudé au comptoir de notre clavier, devisant l'air sérieux comme des colonels, on entend derrière l'épaule, dans des commentaires, des gloussements incisifs sur le refrain : "héhé, hinhin, qui a la plus grosse ?".
Il ne faudrait pas abuser. C'est quand même nous qui nous battons pour la patrie, tandis que ces féroces soldats viennent mugir jusque dans nos bras pour égorger tout le monde, filles, compagnes, et là, allez tenir des blogs de filles, la tête égorgée. Alors ça donne bien des droits.
Bon, pas besoin de me justifier, mais il faut quand même faiblir à un vice bien pire : le bavardage.
Faire une bonne grosse liste de liens sur son blog, ou une petitoune, a plusieurs vertus.
Il n'y a pas de définition arrêté du "blog", mais je dirais quand même que lire et écrire, découvrir et passer le relais est un basique, une sorte de slip du blogueur. Moi par exemple, dans le souci de construire une ambiance, d'avoir une cohérence quand le sujet est intime, personnel, je ne mets pas de liens. C'est ballot. Autre explication moins avouable, je mets peu de liens vers les autres car je doute en écrivant, et j'ai bêtement peur que le lecteur se déconcentre en papillonnant à droite à gauche. C'est ballot au carré. Ne soyez pas sévère, vous voyez bien que je me mets tout nu, là. Et je regrette alors de ne pas assez ouvrir de portes vers les autres, d'autant que les autres ne sont parfois pas avares d'en ouvrir.
Mettre des liens, c'est un peu nous faire vivre. C'est la respiration des blogs. Nous ne sommes pas grand chose individuellement, et aérer un peu notre chambre, faire passer l'air vers d'autres horizons, ça fait vivre notre grand corps blogosphérique (je suis lyrique, pourtant je ne suis pas ivre).
D'un point de vue plus technique, mettre des liens a du bon, sur le référencement par exemple. Ceci augmente dans les moteurs de recherche divers (google, technorati, wikio, etc.) la présence de vos amis blogueurs.
Moi personnellement, je m'en fous. Certes, ça m'intéresse de comprendre comment ceci marche, car je travaille dans ce domaine, mais pour mon "chez moi", ce n'est pas le propos. Je suis plutôt à la recherche d'un petit nombre de lecteurs. Ce n'est pas que je suis un saint, ni un sain, ni un sein, ni un cinq (mais con oui un peu), mais le ton de mon blog ne se prête pas à la circulation de masse. Ça serait dommage, au bas de mes articles sur kéké, d'avoir des trolls abrutis me mettant des spams, des bêtises, des pubs, des "toi t tro kon". Je suis prudent. J'aime être lu, j'aime les compliments, mais j'aime aussi la douce et cordiale intimité d'un trafic à visage humain. Comme l'a démontré Jegoun, avoir 7000 visiteurs sur une nageuse nue, ça n'a pas de sens. Gagner un lecteur en plus par semaine, parce qu'il a entendu parler de vous chez untel qui lui même, etc., voilà le bonheur, le panard, l'orgasme, la récompense.
Mais... si personnellement je m'en fous, je trouve qu'il est important que mes collègues qui tiennent souvent des blogs engagés bénéficient d'un peu de ce carburant, car techniquement même un blog microscopique ajoute sa pierre à l'édifice. Moi je ne fais pas de politique, car je suis maladroit avec ce gros pistolet, mais il est bon que mes collègues blogueurs, ces vaillants pistoleros du verbe, ces bateleurs comiques et vigilants le fasse bien en mon nom.
samedi 29 décembre 2007
DIURNE #1
Voilà, kéké est de nouveau mon ami. Il vient se frotter le crâne contre mon crâne en disant : "mon petit papa !". Il m'attrape l'index pour m'entraîner sur l'autoroute du canapé, à faire rouler ses voitures. Il se retourne pour vérifier si je le suis ! C'est bon, il trottine, lui devant, moi derrière.
Comme Jérôme Boche me l'a raconté, ce sont des choses qui arrivent : un soir, il allait chercher sa fille à l'école, elle a hurlé devant tout le monde, les parents, les maîtresses : "ah non ! Pas toi ! Pas papa !" Kéké m'a fait le même coup chez la nounou. Il voulait sa mère, il s'est roulé par terre, criant : "non pas papa ! pars ! petite maman ! petite maman ! "Gêné devant la nounou, j'ai fini par dire au bout de dix minutes : "ben, je vais l'habiller de force, sinon on pourra jamais partir." Et tandis que je l'emballais dans sa doudounne, il gémissait : "non ! a peur ! a peur kéké !" La raclure d'enfant... Comme si je le maltraitais. J'articulais alors : mais-pourquoi-as-tu-peur-mon-fils, histoire de signifier que j'étais très décontracté avec ça.
C'est qu'il a été malade, le pauvre. Il voulait sa maman ! Il répétait nos mots : "petite glu veut sa maman !" Et moi, juste bon à descendre les poubelles, à grommeler à table "de toute façon personne ne m'aime", à ruminer ma rancune, morose, lugubre, comme un romantique sur la falaise de mon balcon, devant une mer de voitures.
Mais le 25 au soir, il était guéri. J'ai été réhabilité. J'ai fait mon come-back. Alors j'en profite. Je le place à l'autre bout de la pièce et je dis : "cours vite dans mes bras !" Et on recommence. On se frotte le crâne. Je lui ai appris à toper. Je lui dis : "tape m'en cinq ! " C'est bon, ça.
Comme Jérôme Boche me l'a raconté, ce sont des choses qui arrivent : un soir, il allait chercher sa fille à l'école, elle a hurlé devant tout le monde, les parents, les maîtresses : "ah non ! Pas toi ! Pas papa !" Kéké m'a fait le même coup chez la nounou. Il voulait sa mère, il s'est roulé par terre, criant : "non pas papa ! pars ! petite maman ! petite maman ! "Gêné devant la nounou, j'ai fini par dire au bout de dix minutes : "ben, je vais l'habiller de force, sinon on pourra jamais partir." Et tandis que je l'emballais dans sa doudounne, il gémissait : "non ! a peur ! a peur kéké !" La raclure d'enfant... Comme si je le maltraitais. J'articulais alors : mais-pourquoi-as-tu-peur-mon-fils, histoire de signifier que j'étais très décontracté avec ça.
C'est qu'il a été malade, le pauvre. Il voulait sa maman ! Il répétait nos mots : "petite glu veut sa maman !" Et moi, juste bon à descendre les poubelles, à grommeler à table "de toute façon personne ne m'aime", à ruminer ma rancune, morose, lugubre, comme un romantique sur la falaise de mon balcon, devant une mer de voitures.
Mais le 25 au soir, il était guéri. J'ai été réhabilité. J'ai fait mon come-back. Alors j'en profite. Je le place à l'autre bout de la pièce et je dis : "cours vite dans mes bras !" Et on recommence. On se frotte le crâne. Je lui ai appris à toper. Je lui dis : "tape m'en cinq ! " C'est bon, ça.
Nocturne #1
Mon chat, avec ta tête de Don Quichotte, hanté par la faim.
Mon chat, grosse créature au visage maigre, regard dément de la bête perdue dans sa quête sans fin pour ses croquettes. Tu vis entre peu de murs, tu ne connaîtras pas autre chose, ni Java, ni Sumatra, ni Honolulu, ni Teotihuacan, la Cité des Dieux, ni même Nogent-sur-Marne, non, juste la rumeur inextinguible du boulevard Barbès, au loin.
Mon chat, ta grosse tête de Don Quichotte absurde, ton errance sans répit sur les lattes du plancher, à la recherche de la croquette idéale comme le sculpteur ivre de beauté. Tu n'es pas un privilégié, mon chat. Moi j'écoute de la bonne musique, toi tu écoute de la musique minable de chat. Moi je mange de la bonne viande fraîche, en me tapant le ventre, toi tu manges des yeux de brebis, dans tes croquettes, en te grattant l'oreille. Moi je me déplace, souple, libre, j'arpente les métros, je tâte du boulevard, toi tu as ta carte orange du canapé, trajet immobile, terminus sommeil. Moi je vis longtemps, et je meurs triomphant, dans un lit entouré par mes dix enfants, et toi tu meurs castré, prés de ta gamelle.
Dieu ne t'as pas réservé de paradis pour les chats, avec son océan de croquettes, sa litière toujours propre, sa résurrection tranquille, non, pour toi, il n'y a que le canapé du néant, et la litière du vide, l'équarrissage et la fin du monde. Avec ta tête maigre de Don Quichotte. Pas de bol. Mon ombre d'appartement. Mon fantôme soyeux, spectre orange de poils. Figurant de nos vies.
Ce soir, je m'assois avec toi, dans la cuisine, parmi tes croquettes et ta caisse. Tu as décoré ta litière de crottes noires, comme un sapin de Noël puant. Je m'assois à côté de toi, c'est ça l'effet étrange d'une soirée arrosée entre amis. Tu me regardes avec surprise. Je te murmure : brave chat ! C'est ça d'avoir dégusté quarante cinq verres de vin. Je t'explique l'ordre du monde. Compagnon hébété, nous serons égaux dans le néant, tête à claque, tronche de Don Quichotte avec tes yeux énormes. Je te serre dans mes bras, tu ronronnes, tu es bien, tu me regardes, tes yeux noirs ouverts, inconsolable mais consolé ; tu es content. Le néant ! Doux endroit, peuplé de mélancoliques animaux de compagnie.
Mon chat, grosse créature au visage maigre, regard dément de la bête perdue dans sa quête sans fin pour ses croquettes. Tu vis entre peu de murs, tu ne connaîtras pas autre chose, ni Java, ni Sumatra, ni Honolulu, ni Teotihuacan, la Cité des Dieux, ni même Nogent-sur-Marne, non, juste la rumeur inextinguible du boulevard Barbès, au loin.
Mon chat, ta grosse tête de Don Quichotte absurde, ton errance sans répit sur les lattes du plancher, à la recherche de la croquette idéale comme le sculpteur ivre de beauté. Tu n'es pas un privilégié, mon chat. Moi j'écoute de la bonne musique, toi tu écoute de la musique minable de chat. Moi je mange de la bonne viande fraîche, en me tapant le ventre, toi tu manges des yeux de brebis, dans tes croquettes, en te grattant l'oreille. Moi je me déplace, souple, libre, j'arpente les métros, je tâte du boulevard, toi tu as ta carte orange du canapé, trajet immobile, terminus sommeil. Moi je vis longtemps, et je meurs triomphant, dans un lit entouré par mes dix enfants, et toi tu meurs castré, prés de ta gamelle.
Dieu ne t'as pas réservé de paradis pour les chats, avec son océan de croquettes, sa litière toujours propre, sa résurrection tranquille, non, pour toi, il n'y a que le canapé du néant, et la litière du vide, l'équarrissage et la fin du monde. Avec ta tête maigre de Don Quichotte. Pas de bol. Mon ombre d'appartement. Mon fantôme soyeux, spectre orange de poils. Figurant de nos vies.
Ce soir, je m'assois avec toi, dans la cuisine, parmi tes croquettes et ta caisse. Tu as décoré ta litière de crottes noires, comme un sapin de Noël puant. Je m'assois à côté de toi, c'est ça l'effet étrange d'une soirée arrosée entre amis. Tu me regardes avec surprise. Je te murmure : brave chat ! C'est ça d'avoir dégusté quarante cinq verres de vin. Je t'explique l'ordre du monde. Compagnon hébété, nous serons égaux dans le néant, tête à claque, tronche de Don Quichotte avec tes yeux énormes. Je te serre dans mes bras, tu ronronnes, tu es bien, tu me regardes, tes yeux noirs ouverts, inconsolable mais consolé ; tu es content. Le néant ! Doux endroit, peuplé de mélancoliques animaux de compagnie.
vendredi 28 décembre 2007
Renaissons de nos cendres : sources de visite
A l'instar de Nicolas, je glisse une petite liste des blogs qui m'ont insufflé de la vie. Merci, lecteurs ! Merci blogueurs ! Sans vous, je ne serais rien. Enfin, si, je passerais plus de temps à lire des chefs-d'oeuvres de la littérature au lieu de twitter.
Voici mes sources, hors netvibes, moteurs de recherches et twitterotrucs :
Qu'ils reçoivent en retour leur poids en bisous numériques.
Renaissons de nos cendres : pages les plus vues
Pour conclure cette année 2007, la première de ce blog né en avril, je vais faire deux ou trois billets récapitulatifs, prendre du recul, comme disent les hommes politiques battus aux élections. Je vais faire de la nanalyse, regarder dans le vaste passé ce qui s'est passé. Je ferai un peu plus tard un petit "historique" de comment ça s'est passé, ce blog, de comment ça a démarré. Ce n'est pas absolument intéressant, mais ça m'amuse, et puis tout le monde est parti en vacances.
Et après le passé, on pourra passer à autre chose. Je n'aime pas les répétitions, mais je suis fou dans ma tête ce soir, ohé ohé.
Ça faisait un moment que je n'avais pas regardé en profondeur mes "statistiques". Au début de ce blog, en avril, en mai, en juin, j'adorais regarder mes statistiques : 5 lecteurs ! C'est formidable ! Je suis z'influent ! Si on enlève mon épouse, Nathalys, Kéké (2 ans), ça fait quand même 2 inconnus que je ne connais pas et dont j'ignore l'identité ! Youpi ! Et puis après, j'ai eu plus de monde, porté par les vents et les marées de blogueurs m'ayant pris sous leurs ailes déployées comme des poules de l'apocalypse j'ajoute des mots juste pour ajouter des liens (mais j'en oublie sans doute).
Tout d'abord, voici la liste des onze pages les plus vues de ce blog, hormis bien sûr la page d'accueil. Je le découvre presque en même temps que vous (un peu avant, quand même, sinon c'est vous qui écrivez l'article, et moi qui le lis, ça n'a aucun sens).
1. http://balmeyer.blogspot.com/html?blogID=8861374609918019882
C'est la "Page introuvable" du blog. Ah ben ça commence bien...
2. Paroles de Stars (1) : J'aime me mettre en danger
La première fois que j'ai eu un article en lien chez un autre blog. C'était ici, je m'en souviens, un quatorze juillet. Jacques Chirac a fait un feu d'artifice pour fêter ça.
3. Entracte : le caleçon noir
Inexplicable. J'aurais du parler de LM nu, dans cette sombre historie de piscine : à l'heure qu'il est, je serais le roi du pétrole.
4. Mathieu Vaidis de retour sur YouTube... sic transit gloria mundi
Un sous-article dont l'intérêt se détecte difficilement au microscope atomique, mais ça a dû être les mots-clefs du moment. C'était en août, j'avais le droit.
5. Demain, j'enlève le bas.
Un non-article, pour le concours de mry des blogueurs à poil.
6. Mon père, ce héros du camion poubelle.
Je vends des calendriers camions-poubelles, au fait. Avec moi dedans, nu dans la benne.
7. Le gâteau au chocolat
Je vends des calendriers gâteau au chocolat, au fait. Avec moi dedans, nu dans le chocolat.
8. Curriculum-Vitae, vie encerclée
Un article repris sur "Equilibre Précaire".
9. Boys and girls of every age...
Bon, ben des mots en anglais ça aide...
10. Entracte : le caleçon noir. Tiens ? Un doublon ? Je vends des caleçons noirs, au fait, avec moi nu dedans.
11. Manger de la lumière
Je vends de la lum... bon on a compris.
Conclusion hâtive : les gens voient beaucoup de pages invisibles. They see dead pages.
Et après le passé, on pourra passer à autre chose. Je n'aime pas les répétitions, mais je suis fou dans ma tête ce soir, ohé ohé.
Ça faisait un moment que je n'avais pas regardé en profondeur mes "statistiques". Au début de ce blog, en avril, en mai, en juin, j'adorais regarder mes statistiques : 5 lecteurs ! C'est formidable ! Je suis z'influent ! Si on enlève mon épouse, Nathalys, Kéké (2 ans), ça fait quand même 2 inconnus que je ne connais pas et dont j'ignore l'identité ! Youpi ! Et puis après, j'ai eu plus de monde, porté par les vents et les marées de blogueurs m'ayant pris sous leurs ailes déployées comme des poules de l'apocalypse j'ajoute des mots juste pour ajouter des liens (mais j'en oublie sans doute).
Tout d'abord, voici la liste des onze pages les plus vues de ce blog, hormis bien sûr la page d'accueil. Je le découvre presque en même temps que vous (un peu avant, quand même, sinon c'est vous qui écrivez l'article, et moi qui le lis, ça n'a aucun sens).
1. http://balmeyer.blogspot.com/html?blogID=8861374609918019882
C'est la "Page introuvable" du blog. Ah ben ça commence bien...
2. Paroles de Stars (1) : J'aime me mettre en danger
La première fois que j'ai eu un article en lien chez un autre blog. C'était ici, je m'en souviens, un quatorze juillet. Jacques Chirac a fait un feu d'artifice pour fêter ça.
3. Entracte : le caleçon noir
Inexplicable. J'aurais du parler de LM nu, dans cette sombre historie de piscine : à l'heure qu'il est, je serais le roi du pétrole.
4. Mathieu Vaidis de retour sur YouTube... sic transit gloria mundi
Un sous-article dont l'intérêt se détecte difficilement au microscope atomique, mais ça a dû être les mots-clefs du moment. C'était en août, j'avais le droit.
5. Demain, j'enlève le bas.
Un non-article, pour le concours de mry des blogueurs à poil.
6. Mon père, ce héros du camion poubelle.
Je vends des calendriers camions-poubelles, au fait. Avec moi dedans, nu dans la benne.
7. Le gâteau au chocolat
Je vends des calendriers gâteau au chocolat, au fait. Avec moi dedans, nu dans le chocolat.
8. Curriculum-Vitae, vie encerclée
Un article repris sur "Equilibre Précaire".
9. Boys and girls of every age...
Bon, ben des mots en anglais ça aide...
10. Entracte : le caleçon noir. Tiens ? Un doublon ? Je vends des caleçons noirs, au fait, avec moi nu dedans.
11. Manger de la lumière
Je vends de la lum... bon on a compris.
Conclusion hâtive : les gens voient beaucoup de pages invisibles. They see dead pages.
jeudi 27 décembre 2007
Vive le vent
Un rêve : un orchestre, des musiciens, des pupitres. Les gens sont décontractés, ils sont en jean, en basket, derrière de belles et grandes partitions ; c'est une répétition. La chef d'orchestre, sympathique mais sévère, fait un discours de présentation. Elle ressemble à la soeur de Lionel Jospin. Celle qui a les cheveux frisés en l'air, et l'air sévère de Lionel Jospin.
Nous allons jouer un grand morceau, c'est de la musique savante. Je suis derrière mon pupitre, avec ma clarinette. Sauf que je ne sais pas jouer de la clarinette. J'en ai fait un peu, il y a sept ans, pendant trois mois. Je faisais un peu la gamme de DO, je ne sais pas si ça va suffire ce soir là, me dis-je en examinant la partition délirante. Plus tard, j'ai changé, je fais de la contrebasse. Là, c'est bon, je sais en faire. La chef d'orchestre veut présenter cet instrument à l'assemblée, elle me demande de venir jouer quelque chose sur l'estrade. J'arrive avec l'instrument massif, mais à la place des cordes, il y a un enchevêtrement de fils de fer, emmêlés comme des cheveux. J'essaye de dénouer tout çà, je n'y arrive pas, tout produit des sons très idiots.
***
C'est une petite reprise, après quatre jours de marathon de Noël. Il faudrait des vacances pour se reposer des vacances.
Nous allons jouer un grand morceau, c'est de la musique savante. Je suis derrière mon pupitre, avec ma clarinette. Sauf que je ne sais pas jouer de la clarinette. J'en ai fait un peu, il y a sept ans, pendant trois mois. Je faisais un peu la gamme de DO, je ne sais pas si ça va suffire ce soir là, me dis-je en examinant la partition délirante. Plus tard, j'ai changé, je fais de la contrebasse. Là, c'est bon, je sais en faire. La chef d'orchestre veut présenter cet instrument à l'assemblée, elle me demande de venir jouer quelque chose sur l'estrade. J'arrive avec l'instrument massif, mais à la place des cordes, il y a un enchevêtrement de fils de fer, emmêlés comme des cheveux. J'essaye de dénouer tout çà, je n'y arrive pas, tout produit des sons très idiots.
***
C'est une petite reprise, après quatre jours de marathon de Noël. Il faudrait des vacances pour se reposer des vacances.
samedi 22 décembre 2007
Le grand sinistre : la plage
C'est l'été, on m'emmène à la plage. Je n'aime pas l'été. Je n'aime pas la plage. Elle s'étale devant nous, la plage, comme un grand champs de blé ukrainien. La récolte est bonne, des tas d'abrutis ont poussé ; on a semé une multitude de mégots dorés la saison d'avant, et des tas de gens dorés ont surgi des dunes. Il faudrait une moissoneuse-batteuse, pour en faire des mottes. Je n'aime pas les gens.
On longe le parking. Je n'aime pas les parkings. On y met des grosses voitures confortables comme des barbecues. On se tourne vers moi, l'air joyeux : regarde ! C'est la mer ! Je n'aime pas la mer. Je n'aime pas la joie. Je suis le grand sinistre.
J'ai des chaussures de ville, en cuir, qui claquent sur le goudron du parking en fusion. Oh, tu aurais pu mettre des tongues, c'est la plage, on est décontracté. Des tongues, et puis quoi encore ? Regarde, de quoi tu as l'air avec tes chaussures, ta chemise à manche longue, en plein mois d'août, ton pantalon long en plein mois d'août. Et alors ? Je n'aime pas le plein mois d'août, ni le vide mois d'août. J'aime novembre, la mer du Nord. Je ne connais pas la mer du Nord, mais j'imagine que ça doit me convenir. Des gens en chemise noire, en pantalon, en train de regarder l'écume glaciale s'abîmer sur les falaises sinistres, Germinal de Zola à la main, une eau tellement froide qu'il y nage des poissons déjà panés.
Je m'assois sur la plage, du bout des fesses, dans le coin d'une serviette. Je n'enlève pas ma chemise noire. J'ai les jambes recroquevillés, je reste digne. Les gens s'étalent. Regarde, il y a des jeunes comme toi, qui s'amusent ! Je pousse un cri d'effroi, comme si on voulait me faire goûter de l'huile d'asticot. Je n'aime pas les jeunes. Ni les vieux. Je suis le grand sinistre.
Allez, enlève ta chemise noire, quitte tes chaussures, tu me fais honte, en plein mois d'août. Mets toi à l'aise. Non. Je n'aime pas la l'aise. Je ne vais tout de même pas me baigner ? Baigner comme un beignet ? Comme une saucisse dans la friteuse du monde ? Je sors Germinal de Zola, je le lis, avec une serviette sur la tête car je n'aime pas le soleil dément qui me bombarde. Ah. Les mines. Lantier. Souvarine. Les corons. J'aime.
Des gens jouent aux raquettes en rigolant bêtement, ils se lancent des balles. Certains la prennent dans la tête, ils rient bêtement. N'importe quoi. S'ils savaient. Des filles passent, dégingandées, regardent des garçons, gloussent. Ah ah, riez bien. Néant et destruction. La vanité et la mort. L'effroyable sablier qu'agite le spectre nocturne. Si elles savaient. Ah ah. Lantier, les mines, je suis le grand sinistre.
La propagande continue, interminable, je résiste. Le soleil me piétine comme si j'étais son paillasson, allez, enlève ta chemise noire, bon sang, va un peu te baigner. Allez, c'est l'été, amuse toi comme les autres. C'est ça, oui. Comme les autres. L'enfer, c'est moi à la plage.
Bon.
Je vais faire preuve de mansuétude. Grand seigneur. Je retrousse mes manches. Allez. Il faut contenter le peuple. Mes avant-bras livides comme des baguettes pas cuites luisent au soleil ; voilà, on est heureux, c'est Byzance, on respire. Je ne fais plus tâche, moi le dérangeur, je vais faire comme tout le monde, comme des moutons. L'abattoir du monde. Bon.
Bon. Le temps passe, le planète n'explose pas, à mon grand regret. J'enlève mon pantalon, je grogne. Mon maillot est trop étroit, comme d'habitude. Oh, mais tu crois que tu es le centre du monde, ou bien ? Personne ne te regarde, allez. Pff, ce n'est pas important. Toute cette comédie. Je m'en moque. Je fais bien ce que je veux. Les autres je m'en fous.
Oui, je suis en maillot, blanc comme une patate, blanc comme la blancheur de l'andouille. Et alors. Je n'aime pas l'été. Je me dresse, je me courbe, je m'avance vers cette immuable masse vigoureuse et bleue, qui murmure, inlassablement, telle un choeur antique.
Je rentre dans l'eau et j'avance, c'est froid. C'est bien. Je nage. J'ai passé la frontière. L'eau me mange comme un sucre blanc. L'eau saute à mon passage, comme ces petites sauterelles fluorescentes, que l'on dérange en marchant dans les prés. L'eau jaillit, comme une pluie de lumière, à l'envers, qui regagne le ciel. Je pars ! Je pars au loin ! Adieu ! Tel un Ulysse miniature ! A moi les voyages ! A moi les Odyssées ! A moi les sirènes, les sorcières, les rives enchanteresses, les repas de dorades, les peuplades inconnues dont je serai le Dieu exubérant et terrible ! Je parcours le monde en simple maillot de bain, nageant de port en port, croisant des paquebots, saluant les baleines, côtoyant les narvals ; je voyage, comme le chantre de la liberté, l'ambassadeur des poissons, le sauvage des coraux ! Je ris ! Je ris ! Je tape dans l'eau, je gesticule, je fais des bruits, je chante.
La nuit est presque tombée, on s'agite sur la plage déserte en m'attendant, remuant les bras. Allez, on rentre !
Non !
On longe le parking. Je n'aime pas les parkings. On y met des grosses voitures confortables comme des barbecues. On se tourne vers moi, l'air joyeux : regarde ! C'est la mer ! Je n'aime pas la mer. Je n'aime pas la joie. Je suis le grand sinistre.
J'ai des chaussures de ville, en cuir, qui claquent sur le goudron du parking en fusion. Oh, tu aurais pu mettre des tongues, c'est la plage, on est décontracté. Des tongues, et puis quoi encore ? Regarde, de quoi tu as l'air avec tes chaussures, ta chemise à manche longue, en plein mois d'août, ton pantalon long en plein mois d'août. Et alors ? Je n'aime pas le plein mois d'août, ni le vide mois d'août. J'aime novembre, la mer du Nord. Je ne connais pas la mer du Nord, mais j'imagine que ça doit me convenir. Des gens en chemise noire, en pantalon, en train de regarder l'écume glaciale s'abîmer sur les falaises sinistres, Germinal de Zola à la main, une eau tellement froide qu'il y nage des poissons déjà panés.
Je m'assois sur la plage, du bout des fesses, dans le coin d'une serviette. Je n'enlève pas ma chemise noire. J'ai les jambes recroquevillés, je reste digne. Les gens s'étalent. Regarde, il y a des jeunes comme toi, qui s'amusent ! Je pousse un cri d'effroi, comme si on voulait me faire goûter de l'huile d'asticot. Je n'aime pas les jeunes. Ni les vieux. Je suis le grand sinistre.
Allez, enlève ta chemise noire, quitte tes chaussures, tu me fais honte, en plein mois d'août. Mets toi à l'aise. Non. Je n'aime pas la l'aise. Je ne vais tout de même pas me baigner ? Baigner comme un beignet ? Comme une saucisse dans la friteuse du monde ? Je sors Germinal de Zola, je le lis, avec une serviette sur la tête car je n'aime pas le soleil dément qui me bombarde. Ah. Les mines. Lantier. Souvarine. Les corons. J'aime.
Des gens jouent aux raquettes en rigolant bêtement, ils se lancent des balles. Certains la prennent dans la tête, ils rient bêtement. N'importe quoi. S'ils savaient. Des filles passent, dégingandées, regardent des garçons, gloussent. Ah ah, riez bien. Néant et destruction. La vanité et la mort. L'effroyable sablier qu'agite le spectre nocturne. Si elles savaient. Ah ah. Lantier, les mines, je suis le grand sinistre.
La propagande continue, interminable, je résiste. Le soleil me piétine comme si j'étais son paillasson, allez, enlève ta chemise noire, bon sang, va un peu te baigner. Allez, c'est l'été, amuse toi comme les autres. C'est ça, oui. Comme les autres. L'enfer, c'est moi à la plage.
Bon.
Je vais faire preuve de mansuétude. Grand seigneur. Je retrousse mes manches. Allez. Il faut contenter le peuple. Mes avant-bras livides comme des baguettes pas cuites luisent au soleil ; voilà, on est heureux, c'est Byzance, on respire. Je ne fais plus tâche, moi le dérangeur, je vais faire comme tout le monde, comme des moutons. L'abattoir du monde. Bon.
Bon. Le temps passe, le planète n'explose pas, à mon grand regret. J'enlève mon pantalon, je grogne. Mon maillot est trop étroit, comme d'habitude. Oh, mais tu crois que tu es le centre du monde, ou bien ? Personne ne te regarde, allez. Pff, ce n'est pas important. Toute cette comédie. Je m'en moque. Je fais bien ce que je veux. Les autres je m'en fous.
Oui, je suis en maillot, blanc comme une patate, blanc comme la blancheur de l'andouille. Et alors. Je n'aime pas l'été. Je me dresse, je me courbe, je m'avance vers cette immuable masse vigoureuse et bleue, qui murmure, inlassablement, telle un choeur antique.
Je rentre dans l'eau et j'avance, c'est froid. C'est bien. Je nage. J'ai passé la frontière. L'eau me mange comme un sucre blanc. L'eau saute à mon passage, comme ces petites sauterelles fluorescentes, que l'on dérange en marchant dans les prés. L'eau jaillit, comme une pluie de lumière, à l'envers, qui regagne le ciel. Je pars ! Je pars au loin ! Adieu ! Tel un Ulysse miniature ! A moi les voyages ! A moi les Odyssées ! A moi les sirènes, les sorcières, les rives enchanteresses, les repas de dorades, les peuplades inconnues dont je serai le Dieu exubérant et terrible ! Je parcours le monde en simple maillot de bain, nageant de port en port, croisant des paquebots, saluant les baleines, côtoyant les narvals ; je voyage, comme le chantre de la liberté, l'ambassadeur des poissons, le sauvage des coraux ! Je ris ! Je ris ! Je tape dans l'eau, je gesticule, je fais des bruits, je chante.
La nuit est presque tombée, on s'agite sur la plage déserte en m'attendant, remuant les bras. Allez, on rentre !
Non !
lundi 17 décembre 2007
Ne nous mélangeons pas
Il est 14h00, je choisis ce moment là pour arriver à la caisse du Monoprix. Je n'aime pas les gens. Il n'y a personne, j'optimise ma pause.
Devant moi, une dame pose sur le grand tapis roulant quatre yaourts et du détergent qui sent le citron. J'ai bien envie de lui faire remarquer que c'est étrange comme repas, et que le détergent donne des aigreurs d'estomac. Je ne dis rien, car je porte dans mon panier un sandwich en triangle, des petits pots, et quelques boites de pâté pour chat. Elle aurait beau jeu de me répondre "Et toi, trouduc, tu manges des pâtés pour chat ?" Et là j'aurais été bien embêté. Car l'esprit de répartie et moi, ça fait deux. J'aurais rétorqué onze heures plus tard, dans mon lit, la lumière éteinte : "hé, heu, toi même, espèce de patate..."
Un grand débat intérieur m'anime depuis ce matin, à propos de pâté pour chat. Il faut que je fasse "deux-trois" courses à midi. Outre mon sandwich en forme de triangle, je dois acheter des petits pots pour Kéké, et de la boite pour les chats. Je n'ai pas de monnaie, mais on peut payer certains produits alimentaires avec des tickets restaurants. Les boites pour chat en font-elles parti ? Que va penser la caissière si je propose de payer mes boites à chat avec des tickets restaurants ? J'ai un peu honte. Va-t-elle me prendre pour un détraqué ? Un pervers ? Un pédophile ? Pire, un pauvre ? Je cherche des solutions de secours. Tuer les chats ? J'en ai déjà parlé, mais mon épouse a émis quelques objections. Faire un hold-up ? Voilà qui peut régler quelques problèmes, mais collatéralement en générer d'autres.
La dame de devant a posé ses yaourts et son détergent sur le tapis roulant vide. J'arrive, et je place mes achats à quarante centimètres des siens. Là, dans un mouvement réflexe, une peur panique, comme poussée par un instinct de conservation, voire de survie, elle tend tous les muscles de son corps, s'empare du séparateur de clients, l'assène entre nos deux piles, d'un geste sec. Ouf. On a eu chaud.
Ne nous mélangeons pas.
Le risque est minime, il y avait quand même quarante centimètres entre nos deux tas, mais sait-on jamais. La caissière, voyant deux clients et deux piles séparées, aurait pu nous prêter une liaison secrète, mal interpréter ces signaux, et sceller dans une même facture nos destins parallèles. Un accident est si vite arrivé, nous aurions pu mélanger nos achats, et par là même, nos corps, ceci dans une sauvage étreinte animale au fond d'une cave de HLM.
Ne nous mélangeons pas.
Certaines légendes urbaines se racontent à la fontaine à eau ou à la machine à café, terrorisant les employés du secteur tertiaire pendant leur pause-déjeuner. On prétend qu'un innocent, un matin, ayant oublié le séparateur entre lui et les clients suivants a dû payer l'intégralité des courses pour cette caisse. Le pauvre homme était là, avec sa carte bancaire à la main, il implorait : "Mais j'ai terminé madame ! " et la caissière, impitoyable : "Et le séparateur de clients ? Vous ne l'avez pas mis, j'en conclus que les achats d'après sont aussi les vôtres... voilà, monsieur, ça fera un million d'euros."
On raconte aussi que dans certains quartiers chauds, sous d'autres latitudes, l'absence de séparateur de clients peut être interprétée comme d'explicites avances sexuelles. Il n'est pas rare de trouver dans certains endroits à Amsterdam, ou dans le 93, des femmes habillées en panthère, attendre innombrables à la caisse, avec du détergent sur le tapis automatique, tandis que des marins en sueur se frottent, excités par l'absence de séparateur de clients, véritable appel au stupre et à la fornication. La moindre négligence de ce genre, et vous vous retrouvez au lit avec un inconnu, susceptible d'inviter à son tour des amis afin d'avoir des relations sexuelles en collectivité, avec des objets en plastique roses et parfois même des chiens de combat. Il ne faut donc pas prendre de risque.
Ne nous mélangeons pas.
La dame s'en va, saine et sauve, c'est à mon tour. Pendant ce temps, une petite mamie dispose ses courses tout contre les miennes, en me faisant des petits clins d'oeil. Je mets le séparateur de clients, afin d'éviter toute ambiguïté. Ne nous mélangeons pas.
Le sandwich passe, les petits pots passent. La main de la caissière s'arrête sur les boites de pâté pour chat. Elle me regarde, avec mes petits papiers fluorescents dans la main, et fait : "J'encaisse d'abord les tickets restaurants, et ensuite vous payez les boites." Je réponds oui, c'est bien naturel. Je mets la main dans ma veste, embarrassé, je cherche une hypothétique pièce ; comme dans un conte de Noël, je la trouve.
Devant moi, une dame pose sur le grand tapis roulant quatre yaourts et du détergent qui sent le citron. J'ai bien envie de lui faire remarquer que c'est étrange comme repas, et que le détergent donne des aigreurs d'estomac. Je ne dis rien, car je porte dans mon panier un sandwich en triangle, des petits pots, et quelques boites de pâté pour chat. Elle aurait beau jeu de me répondre "Et toi, trouduc, tu manges des pâtés pour chat ?" Et là j'aurais été bien embêté. Car l'esprit de répartie et moi, ça fait deux. J'aurais rétorqué onze heures plus tard, dans mon lit, la lumière éteinte : "hé, heu, toi même, espèce de patate..."
Un grand débat intérieur m'anime depuis ce matin, à propos de pâté pour chat. Il faut que je fasse "deux-trois" courses à midi. Outre mon sandwich en forme de triangle, je dois acheter des petits pots pour Kéké, et de la boite pour les chats. Je n'ai pas de monnaie, mais on peut payer certains produits alimentaires avec des tickets restaurants. Les boites pour chat en font-elles parti ? Que va penser la caissière si je propose de payer mes boites à chat avec des tickets restaurants ? J'ai un peu honte. Va-t-elle me prendre pour un détraqué ? Un pervers ? Un pédophile ? Pire, un pauvre ? Je cherche des solutions de secours. Tuer les chats ? J'en ai déjà parlé, mais mon épouse a émis quelques objections. Faire un hold-up ? Voilà qui peut régler quelques problèmes, mais collatéralement en générer d'autres.
La dame de devant a posé ses yaourts et son détergent sur le tapis roulant vide. J'arrive, et je place mes achats à quarante centimètres des siens. Là, dans un mouvement réflexe, une peur panique, comme poussée par un instinct de conservation, voire de survie, elle tend tous les muscles de son corps, s'empare du séparateur de clients, l'assène entre nos deux piles, d'un geste sec. Ouf. On a eu chaud.
Ne nous mélangeons pas.
Le risque est minime, il y avait quand même quarante centimètres entre nos deux tas, mais sait-on jamais. La caissière, voyant deux clients et deux piles séparées, aurait pu nous prêter une liaison secrète, mal interpréter ces signaux, et sceller dans une même facture nos destins parallèles. Un accident est si vite arrivé, nous aurions pu mélanger nos achats, et par là même, nos corps, ceci dans une sauvage étreinte animale au fond d'une cave de HLM.
Ne nous mélangeons pas.
Certaines légendes urbaines se racontent à la fontaine à eau ou à la machine à café, terrorisant les employés du secteur tertiaire pendant leur pause-déjeuner. On prétend qu'un innocent, un matin, ayant oublié le séparateur entre lui et les clients suivants a dû payer l'intégralité des courses pour cette caisse. Le pauvre homme était là, avec sa carte bancaire à la main, il implorait : "Mais j'ai terminé madame ! " et la caissière, impitoyable : "Et le séparateur de clients ? Vous ne l'avez pas mis, j'en conclus que les achats d'après sont aussi les vôtres... voilà, monsieur, ça fera un million d'euros."
On raconte aussi que dans certains quartiers chauds, sous d'autres latitudes, l'absence de séparateur de clients peut être interprétée comme d'explicites avances sexuelles. Il n'est pas rare de trouver dans certains endroits à Amsterdam, ou dans le 93, des femmes habillées en panthère, attendre innombrables à la caisse, avec du détergent sur le tapis automatique, tandis que des marins en sueur se frottent, excités par l'absence de séparateur de clients, véritable appel au stupre et à la fornication. La moindre négligence de ce genre, et vous vous retrouvez au lit avec un inconnu, susceptible d'inviter à son tour des amis afin d'avoir des relations sexuelles en collectivité, avec des objets en plastique roses et parfois même des chiens de combat. Il ne faut donc pas prendre de risque.
Ne nous mélangeons pas.
La dame s'en va, saine et sauve, c'est à mon tour. Pendant ce temps, une petite mamie dispose ses courses tout contre les miennes, en me faisant des petits clins d'oeil. Je mets le séparateur de clients, afin d'éviter toute ambiguïté. Ne nous mélangeons pas.
Le sandwich passe, les petits pots passent. La main de la caissière s'arrête sur les boites de pâté pour chat. Elle me regarde, avec mes petits papiers fluorescents dans la main, et fait : "J'encaisse d'abord les tickets restaurants, et ensuite vous payez les boites." Je réponds oui, c'est bien naturel. Je mets la main dans ma veste, embarrassé, je cherche une hypothétique pièce ; comme dans un conte de Noël, je la trouve.
mardi 11 décembre 2007
Loin quand même
Je me suis fait "taguer" par Dom au détour d'un billet très drôle sur les expressions qui font repérer illico votre matrice géographique.
J'explique, un peu pour ceux qui ne connaissent pas, mais surtout pour faire un gag idiot (je suis en liquidation totale de gags) : je ne me suis pas fait bomber le visage avec de la peinture en aérosol, non, j'ai juste reçu une sorte de "gage" pour faire un billet sur un même thème. C'est ça, un tag.
Les esprits chagrins aiment à dire que les tags c'est pour les blogueurs qui n'ont rien à dire, je leur répondrais d'une part et z'en premier lieu qu'il s'agit d'une contrainte très oulipienne, oui, et que la contrainte est génératrice de créativité, nous sommes comme "un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir". J'ajouterais d'autre part z'et en second lieu, qu'ils aillent se faire mettre en fait, les esprits chagrins (je suis aussi en liquidation totale de grossièreté), et puis comme dirait Renaud, ça défoule, comme ça gratuitement par plaisir. Ah !
***
Je suis arrivé à Lyon vers huit ans, en provenance du grand sud. Là, je n'ai pas été offusqué d'entendre les gens parler pointu, c'était en effet la ville du pagnolesque Monsieur Brun. Dans la vie, pour moi, il y avait les gens qui parlaient normalement, comme mes amis et ma famille, il y avait aussi les gens qui parlaient à la télévision ; je tolérais, c'était un peu normal aussi, on ne leur en voulait pas, ils étaient loin, les gens à la télévision.
A Lyon, j'avais troqué les vastes champs ponctués de ruisseaux, de vieilles 4L et de cabanons lézardés contre un immeuble de quatorze étages, grise cité aux ascenseurs fleurant la pisse, mais dont je garde tout de même le souvenir lumineux d'un vaste terrain de jeu. (J'imagine que même le gamin qui grandit dans une décharge doit garder de son monde l'image émouvante des jeux sans fin). Les gens parlaient comme à la télévision. Je trouvais ça normal. Mais moi, je parlais comme un plouc de spectateur. Parfois, dans une allée, je discutais avec des inconnus en attendant l'ascenseur, je disais : "Je rentre à la maisongue pour voir ma mamangue."
On me faisait répéter, hilare : "Quoi ? Quesstudis ? Tu peux y répéter ? " Puis on allait chercher d'autres amis : "Hé, regardeuh comme il y parleuh, allez tu peux y répéter ?
- Bengue, je rentre à la maisongue voir ma mamangue ?
- Ah ah ah ! Hey, venez tous les autres, venez voir écouter !
- Bengue bon sangue, qu'est-ce que j'ai dit de si marrangue ?"
A la boulangerie, c'était : "Bonjour, je voudrais du paingue.
- Oh, viens y voir Marcel, écoute-zy : que veux-tu, mon petit ?
- Bengue du paingue, pourquoi, congue ?"
Je parlais avec le langage tombé d'un arbre du Roussillon, appuyé, juteux, comme une grosse pêche, les mots de Tramontane, les mots minéraux des hommes de Tautavel.
Au bout de quelques mois à ce rythme, à force d'être l'hurluberlu de service, je me suis dit - inconsciemment - qu'il fallait rééduquer ces paroles, si je voulais être un peu tranquille dans la vie. Alors, paf, les mots en maison de redressement, les phrases avec un tuteur à tomates, pour les élever bien pointu dans le ciel des immeubles. J'ai mis un parasol pour cacher le soleil qui tapait fort dans la bouche.
Voilà, pour moi, le Canigou, c'était la chaîne des montagnes embrumées, qui s'étendait aux portes des Pyrénées, que je voyais de ma fenêtre dans un ciel dégagé peigné par des cyprès fins ; pour les autres, le Canigou c'était de la bouffe pour chien, en boite.
De l'air frais du sud, il me reste quand même quelques bols d'air :
Quand il reste une vieille trace de confiture mal séchée sur une table cirée, et qu'on pose le doigt dessus, et que le doigt reste un petit peu collé, on dit : ça pègue.
Quand on est invité à un vernissage dans une boutique huppée sous la Tour Eiffel, et qu'on arrive en short bleu avec une veste de survêtement, des mocassins marron et des chaussettes de tennis blanches, on marque mal.
A propos, je n'attrape pas de rhume, ni la crève, j'attrape mal.
Puis quelques termes de catalan . Quand ces idiots de chats se cognent interminablement contre mes tibias cinq heures avant l'heure officielle de la gamelle, je les traite de banastes (sots). Ils m'énervent et je les fais changer de pièce d'un puissant coup de pied, je leur dit : "ja tu cal !" (bien fait pour toi). Puis je murmure à kéké des mots que j'entendais petit, des mots poignants, qui brillent comme des étoiles éteintes : "axurit !" (dégourdi).
En fin de compte, je cause pointu. Mais lorsque je parle avec ma famille, l'accent remonte, incontrôlé, se lâche comme des chiens fous avides de Canigou, et la fenêtre parait s'ouvrir soudain, l'accent surgit comme un courant d'air enfoui dans une boite à secret.
Tiens, j'ai les larmes aux yeux d'écrire ça, c'est idiot. C'est triste d'être là où l'on est, chez soi, mais d'être loin quand même.
J'explique, un peu pour ceux qui ne connaissent pas, mais surtout pour faire un gag idiot (je suis en liquidation totale de gags) : je ne me suis pas fait bomber le visage avec de la peinture en aérosol, non, j'ai juste reçu une sorte de "gage" pour faire un billet sur un même thème. C'est ça, un tag.
Les esprits chagrins aiment à dire que les tags c'est pour les blogueurs qui n'ont rien à dire, je leur répondrais d'une part et z'en premier lieu qu'il s'agit d'une contrainte très oulipienne, oui, et que la contrainte est génératrice de créativité, nous sommes comme "un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir". J'ajouterais d'autre part z'et en second lieu, qu'ils aillent se faire mettre en fait, les esprits chagrins (je suis aussi en liquidation totale de grossièreté), et puis comme dirait Renaud, ça défoule, comme ça gratuitement par plaisir. Ah !
***
Je suis arrivé à Lyon vers huit ans, en provenance du grand sud. Là, je n'ai pas été offusqué d'entendre les gens parler pointu, c'était en effet la ville du pagnolesque Monsieur Brun. Dans la vie, pour moi, il y avait les gens qui parlaient normalement, comme mes amis et ma famille, il y avait aussi les gens qui parlaient à la télévision ; je tolérais, c'était un peu normal aussi, on ne leur en voulait pas, ils étaient loin, les gens à la télévision.
A Lyon, j'avais troqué les vastes champs ponctués de ruisseaux, de vieilles 4L et de cabanons lézardés contre un immeuble de quatorze étages, grise cité aux ascenseurs fleurant la pisse, mais dont je garde tout de même le souvenir lumineux d'un vaste terrain de jeu. (J'imagine que même le gamin qui grandit dans une décharge doit garder de son monde l'image émouvante des jeux sans fin). Les gens parlaient comme à la télévision. Je trouvais ça normal. Mais moi, je parlais comme un plouc de spectateur. Parfois, dans une allée, je discutais avec des inconnus en attendant l'ascenseur, je disais : "Je rentre à la maisongue pour voir ma mamangue."
On me faisait répéter, hilare : "Quoi ? Quesstudis ? Tu peux y répéter ? " Puis on allait chercher d'autres amis : "Hé, regardeuh comme il y parleuh, allez tu peux y répéter ?
- Bengue, je rentre à la maisongue voir ma mamangue ?
- Ah ah ah ! Hey, venez tous les autres, venez voir écouter !
- Bengue bon sangue, qu'est-ce que j'ai dit de si marrangue ?"
A la boulangerie, c'était : "Bonjour, je voudrais du paingue.
- Oh, viens y voir Marcel, écoute-zy : que veux-tu, mon petit ?
- Bengue du paingue, pourquoi, congue ?"
Je parlais avec le langage tombé d'un arbre du Roussillon, appuyé, juteux, comme une grosse pêche, les mots de Tramontane, les mots minéraux des hommes de Tautavel.
Au bout de quelques mois à ce rythme, à force d'être l'hurluberlu de service, je me suis dit - inconsciemment - qu'il fallait rééduquer ces paroles, si je voulais être un peu tranquille dans la vie. Alors, paf, les mots en maison de redressement, les phrases avec un tuteur à tomates, pour les élever bien pointu dans le ciel des immeubles. J'ai mis un parasol pour cacher le soleil qui tapait fort dans la bouche.
Voilà, pour moi, le Canigou, c'était la chaîne des montagnes embrumées, qui s'étendait aux portes des Pyrénées, que je voyais de ma fenêtre dans un ciel dégagé peigné par des cyprès fins ; pour les autres, le Canigou c'était de la bouffe pour chien, en boite.
De l'air frais du sud, il me reste quand même quelques bols d'air :
Quand il reste une vieille trace de confiture mal séchée sur une table cirée, et qu'on pose le doigt dessus, et que le doigt reste un petit peu collé, on dit : ça pègue.
Quand on est invité à un vernissage dans une boutique huppée sous la Tour Eiffel, et qu'on arrive en short bleu avec une veste de survêtement, des mocassins marron et des chaussettes de tennis blanches, on marque mal.
A propos, je n'attrape pas de rhume, ni la crève, j'attrape mal.
Puis quelques termes de catalan . Quand ces idiots de chats se cognent interminablement contre mes tibias cinq heures avant l'heure officielle de la gamelle, je les traite de banastes (sots). Ils m'énervent et je les fais changer de pièce d'un puissant coup de pied, je leur dit : "ja tu cal !" (bien fait pour toi). Puis je murmure à kéké des mots que j'entendais petit, des mots poignants, qui brillent comme des étoiles éteintes : "axurit !" (dégourdi).
En fin de compte, je cause pointu. Mais lorsque je parle avec ma famille, l'accent remonte, incontrôlé, se lâche comme des chiens fous avides de Canigou, et la fenêtre parait s'ouvrir soudain, l'accent surgit comme un courant d'air enfoui dans une boite à secret.
Tiens, j'ai les larmes aux yeux d'écrire ça, c'est idiot. C'est triste d'être là où l'on est, chez soi, mais d'être loin quand même.
lundi 10 décembre 2007
Demain...
Au programme cette semaine, dans ce blog :
- Bloguer moins. Ou plus. Plus ou moins.
- Répondre à deux sympathiques chaînes de blog, une de Zoridae, une autre des ménagères de moins de cinquante ans.
- Dormir plus pour me reposer plus.
- Ajouter un chapeau sur le pied de l'image, comme le dit Romy.
- Finir une série interminable sur les Vendanges.
- Bloguer moins.
- Aller au MacDO. J'ai toujours un cheeseburger gratuit à retirer. J'espère qu'il ne me l'ont pas mis de côté, depuis le temps. Il risque de sentir pas bon.
- Faire encore un lien sur Gaël. Je n'y peux rien, on a négocié une vente de 500 liens cette semaine, dans le cadre de la venu de Khadafi.
Vivre de fraîcheur
Je suis telle la jeune fille insouciante qui après un samedi soir de folie se retrouve à élever des triplés. Il faut à présent que j'assume ma monstrueuse création.
Voici donc la seconde image envoyée à mry pour son concours. J'ai mis ma vraie main dedans, sinon, ce n'était pas possible, ça ne passait pas. Voilà, il faudra juste que je pense à ne pas mettre "j'aime le Nutella et je fais un blog" dans mon prochain C.V.
A part ça, rien de spécial. J'ai mal à la tête. A ma vraie tête, avec du cerveau dedans. Il faudra que je change la cartouche cognitive, je ne peux plus rien imprimer, j'ai des messages d'erreur quand je parle. Ce n'était pas une brillante idée de passer trois heures devant le logiciel "The GIMP", tiens.
Sinon, j'ai bien pensé à nourrir les chats.
Tiens, comme ça, gratuitement, par plaisir, je fais un lien. Ce n'est pas tout de regarder des hommes en bikini, il faut aussi aller sur le blog de Frisaplat.
Générique : Il faut dire que c'est mon épouse qui a trouvé cette belle photographie de John Cleese. C'est aussi elle qui a eu l'idée, suite à la réponse de mry, de rajouter le chapeau avec ma main. En plus, elle a fait une bonne tarte aux épinards, on s'est bien régalé. Moi à midi, j'ai fait des steaks hachés, je crois, et demain, il faudra que je mette de nouvelles chaussettes. Mais pour l'instant, je vais me coucher, avec de la pâtée pour chat à l'intérieur de mon crane. Vive les blogueurs !
samedi 8 décembre 2007
Fraicheur de vivre
Le blogueur mry organise un concourt avec des blogueurs plus ou moins à poil. Je n'ai pas participé.
Mais j'aurais pu.
Vous aurez certainement reconnu John Cleese, l'acteur des Monty Python que j'ai choisi comme avatar. Nicolas me disait qu'à force de voir cette image me représenter, il serait déçu de me rencontrer en vrai sans chapeau.
Je lui expliquais que mon épouse, qui pourtant connaît bien ma bobine, en arrive parfois à me confondre avec lui, à force de voir cet acteur sur mon blog, et partout où je laisse des commentaires.
Mais j'aurais pu.
Vous aurez certainement reconnu John Cleese, l'acteur des Monty Python que j'ai choisi comme avatar. Nicolas me disait qu'à force de voir cette image me représenter, il serait déçu de me rencontrer en vrai sans chapeau.
Je lui expliquais que mon épouse, qui pourtant connaît bien ma bobine, en arrive parfois à me confondre avec lui, à force de voir cet acteur sur mon blog, et partout où je laisse des commentaires.
vendredi 7 décembre 2007
les esprits : la dame blanche
Manu était un grand gaillard de seize ans, gentil comme tout ; il avait bien vite perdu ses parents et portait sur ses épaules, pour héritage, toute une exploitation viticole. Il était timide, parlait avec un cheveux sur la langue. Il restait discret dans son coin, se tenant au frais, à l'ombre des autres. Mais après de nombreux verres, il était soulagé, il se sentait mieux, ses épaules étaient plus légères, et sa bonhomie mélancolique de façade laissait place à une vraie et joyeuse exubérance. Il chantait le répertoire de Renaud, en entier, à tue-tête sans se tromper dans les paroles, une main sur chaque cuisse, toujours un cheveux sur la langue.
Parfois, le soir, épuisés par des journées à couper plus de doigts que de raisins, les gens s'accoudaient sur les tables immenses, parsemées de miettes de pain d'un repas débarrassé, avec du Beaujolais et des bougies. Il pleuvait, c'était au milieu des vignes obscures, on rabâchait, l'air terrible, des légendes de Dames blanches.
Manu devenait blême, lui le gars aux joues vermeilles des grands espaces du pays calladois. Il n'aimait pas ça, les histoires de revenants. Les gens meurent, c'est pour toujours, ils vous laissent, quelle idée de faire des heures supplémentaires. Les gens s'en vont, on ne les revoit plus, on reste avec des dames blanches dans son coeur, mais point sur les routes. Livide, comme un torchon trempé dans de l'eau de javel, Manu nous demandait avec insistance de parler d'autre chose, sans se soucier de paraître peureux, il implorait de changer de conversation, simplement.
Les dames blanches, ces jeunes filles fantômes perdues au bord des routes nationales, dans une cathédrale ténébreuse de platanes... spectres blafards, sorties immaculées d'effroyables carcasses, esprits opalins au repos impossible, rodant pour conjurer des collisions, animées d'une obstinée et inquiétante bienveillance...
"Alors Manu, les autres faisaient, tu imagines déjà la Dame Blanche apparaître à la porte du dortoir, lumineuse dans son linceul, pour te chercher ?" Le dortoir était un sorte de petite remise avec huit ou dix lits, isolé au fond du terrain. "Massacre au sécateur !" (ou massacre à la serpette, selon la technique vendangesque). Et les histoires macabres et grotesques continuaient ...
"...quelle étrange auto-stoppeuse, tout de même ! Vêtue de blanc, et silencieuse, dans cette route de campagne...
- Non mais les gars, allez, arrêtez, za suffit."
- ...alors le type il s'arrête pour la dépanner, cette étrange inconnue, perdue sur la route à une heure si tardive.
- Bon, allez, on boit z'un coup, non mais les gars...
- Alors, dans ce virage obscur, dans la profondeur ténébreuse des platanes, là où un accident fatal et mortel avait coûté la vie à des gens en les tuant...
- Bon, ze vais aller pisser un coup, tiens. Ah non, ze vais attendre avant de sortir tout seul.
- ...là, elle hurle ! elle HURLE !!! Attention au virage ! Un hurlement de cri, déchirant le silence de la nuit silencieuse. Elle hurle, comme un cri surhumain d'un autre monde : attention au virage ! Le conducteur se tourne, affolé. Rien. L'inconnue a disparu du siège passager !"
Manu buvait des coups, pendant ce temps. Pas assez.
Le soir même, un vendangeur ivre, égaré comme un chalutier dans l'océan de la nuit, a regagné le dortoir en s'explosant contre la porte, faisant hurler notre cher Manu, dressé dans son lit, comme les cheveux sur sa propre tête. Le lendemain, il était blême tel une marguerite, mais content de retrouver son cher et laborieux soleil, posé jaunement sur les collines humides.
Un des soirs suivants, les autres ont remis ça, avec d'autres histoires de Dame Blanche. Plus le village avait un nom obscur, plus l'anecdote était terrible. La Dame Blanche de Poutrieux-lès-Garronas, ou de Mimolette-les-Mugieux, ça mettait les jetons, bien plus que le Fantôme de l'Opéra, c'est sûr.
Manu n'a pas oublié de prendre ses calmants, ce soir là, c'est à dire des nombreux coups de rouges. Tandis que les gugusses s'impressionnaient à coup de fantômes, il a chanté Renaud dans son coin. Puis il n'a pas trouvé le dortoir (il l'a raté de peu) et a dormi par terre, dans l'herbe chargée de pluie, à quelques mètres de l'entrée, étalé par terre comme l'homme de Léonard de Vinci. Le lendemain, ça allait mieux, les légendes de la nuit avaient laissé place aux soucis des vivants.
Parfois, le soir, épuisés par des journées à couper plus de doigts que de raisins, les gens s'accoudaient sur les tables immenses, parsemées de miettes de pain d'un repas débarrassé, avec du Beaujolais et des bougies. Il pleuvait, c'était au milieu des vignes obscures, on rabâchait, l'air terrible, des légendes de Dames blanches.
Manu devenait blême, lui le gars aux joues vermeilles des grands espaces du pays calladois. Il n'aimait pas ça, les histoires de revenants. Les gens meurent, c'est pour toujours, ils vous laissent, quelle idée de faire des heures supplémentaires. Les gens s'en vont, on ne les revoit plus, on reste avec des dames blanches dans son coeur, mais point sur les routes. Livide, comme un torchon trempé dans de l'eau de javel, Manu nous demandait avec insistance de parler d'autre chose, sans se soucier de paraître peureux, il implorait de changer de conversation, simplement.
Les dames blanches, ces jeunes filles fantômes perdues au bord des routes nationales, dans une cathédrale ténébreuse de platanes... spectres blafards, sorties immaculées d'effroyables carcasses, esprits opalins au repos impossible, rodant pour conjurer des collisions, animées d'une obstinée et inquiétante bienveillance...
"Alors Manu, les autres faisaient, tu imagines déjà la Dame Blanche apparaître à la porte du dortoir, lumineuse dans son linceul, pour te chercher ?" Le dortoir était un sorte de petite remise avec huit ou dix lits, isolé au fond du terrain. "Massacre au sécateur !" (ou massacre à la serpette, selon la technique vendangesque). Et les histoires macabres et grotesques continuaient ...
"...quelle étrange auto-stoppeuse, tout de même ! Vêtue de blanc, et silencieuse, dans cette route de campagne...
- Non mais les gars, allez, arrêtez, za suffit."
- ...alors le type il s'arrête pour la dépanner, cette étrange inconnue, perdue sur la route à une heure si tardive.
- Bon, allez, on boit z'un coup, non mais les gars...
- Alors, dans ce virage obscur, dans la profondeur ténébreuse des platanes, là où un accident fatal et mortel avait coûté la vie à des gens en les tuant...
- Bon, ze vais aller pisser un coup, tiens. Ah non, ze vais attendre avant de sortir tout seul.
- ...là, elle hurle ! elle HURLE !!! Attention au virage ! Un hurlement de cri, déchirant le silence de la nuit silencieuse. Elle hurle, comme un cri surhumain d'un autre monde : attention au virage ! Le conducteur se tourne, affolé. Rien. L'inconnue a disparu du siège passager !"
Manu buvait des coups, pendant ce temps. Pas assez.
Le soir même, un vendangeur ivre, égaré comme un chalutier dans l'océan de la nuit, a regagné le dortoir en s'explosant contre la porte, faisant hurler notre cher Manu, dressé dans son lit, comme les cheveux sur sa propre tête. Le lendemain, il était blême tel une marguerite, mais content de retrouver son cher et laborieux soleil, posé jaunement sur les collines humides.
Un des soirs suivants, les autres ont remis ça, avec d'autres histoires de Dame Blanche. Plus le village avait un nom obscur, plus l'anecdote était terrible. La Dame Blanche de Poutrieux-lès-Garronas, ou de Mimolette-les-Mugieux, ça mettait les jetons, bien plus que le Fantôme de l'Opéra, c'est sûr.
Manu n'a pas oublié de prendre ses calmants, ce soir là, c'est à dire des nombreux coups de rouges. Tandis que les gugusses s'impressionnaient à coup de fantômes, il a chanté Renaud dans son coin. Puis il n'a pas trouvé le dortoir (il l'a raté de peu) et a dormi par terre, dans l'herbe chargée de pluie, à quelques mètres de l'entrée, étalé par terre comme l'homme de Léonard de Vinci. Le lendemain, ça allait mieux, les légendes de la nuit avaient laissé place aux soucis des vivants.
jeudi 6 décembre 2007
Les esprits : les amis invisibles
Illustration : avec l'aimable autorisation de Telle
Lorsqu'il avait un an, il arrivait à kéké de regarder attentivement, l'air songeur, des choses dans la pièce. Une prise, un rideau, un coin de mur blanc. Un endroit indéfini, qu'il fixait avec curiosité.
Maria, une jeune amie de mon épouse, musicienne comme elle et qui gardait notre fils de temps en temps, avait expliqué en riant ce phénomène : au Vénézuela, son pays d'origine, on racontait que les jeunes bébés pouvaient voir les esprits. Cette faculté disparaissait bien vite en grandissant, avec l'acquisition du langage. Les esprits, furtivement aperçus par ces témoins sans parole, regagnaient bien vite leur invisible cachette, et les enfants grandissait, oublieux de ces naïves visions...
J'avais ri jaune à cette charmante hypothèse. Je n'aimais pas ces histoires. Rationnel, carré, amateur de mathématiques, je n'y croyais pas bien sûr, mais je n'aimais pas quand même. Ça me dérangeait d'en parler. J'avais connu un autre type, aux vendanges, dans le Beaujolais, qui s'appelait Manu, et qui n'aimait pas ces histoires, non plus. J'y reviendrai.
Un soir, E. rentrait tard, nous étions avec kéké au milieu du salon, à agiter quelques hochets, dans le silence. Nous habitions en banlieue, parfois une mobylette vrombissait dans la rue, mais le reste du temps, il n'y avait pas de bruit. Alors tandis que je lui racontais d'imbéciles comptines avec la voix suraiguë qu'ont les parents dans l'intimité, à l'abri des amis d'enfance devant lesquels ils font les fortiches, kéké s'est mis à fixer un mur du salon. Coquin, j'ai dit : "alors, tu regardes les esprits ? " Le petit congélateur caché dans mon dos s'est allumé, bêtement, j'ai eu froid. J'ai rigolé, tiens, mon fils voit des dead people. On est bien. J'ai tourné le transat de l'autre côté, pour faire diversion, mais kéké, sans se laisser distraire le moins du monde, a aussitôt tourné la tête dans l'autre sens, retrouvant l'endroit exact du mur, si fascinant. Il souriait. Il agitait son hochet, comme pour faire coucou, comme s'il faisait du morse.
Et bien, on se fait des amis ? Tu ne connais pas la crèche, toi, alors tu profites de tes petits compagnons invisibles ? Et bien on va mettre un peu de musique, hein, dis-je la voix cassée ? Je me mis à chanter sans conviction "tape tape petites mains... tourne tourne joli moulin..."
Puis le chat s'est posté non loin de nous, il s'est mis lui aussi à regarder avec un vif intérêt et ses yeux verts comme des billes ce même coin du mur blanc. Ah non, gueulais-je, excédé, le chat ne va pas s'y mettre, lui aussi ! Comme je ne souhaitais pas mettre de coup de pied aux fesses à mon fils, je m'en suis pris au chat, l'envoyant prestement balader dans la pièce d'à côté par un majestueux vol plané. Le matou est revenu, insensible à mes gesticulations, pour se remettre au même endroit, et fixer les yeux brillants, le coin blanc.
Alors, le voisin a du faire tomber un dictionnaire par terre, un bruit sourd a fait trembler le mur, et mon coeur est sorti de la poitrine. Je l'ai ramassé par terre, et comme un zombi, je l'ai remis à l'intérieur du thorax, disant à Kéké : n'aie pas peur, n'aie pas peur, papa te protège ! Au fait, ai-je ajouté, prenant une voix caverneuse : mais qui protège papa ?
Lorsqu'il avait un an, il arrivait à kéké de regarder attentivement, l'air songeur, des choses dans la pièce. Une prise, un rideau, un coin de mur blanc. Un endroit indéfini, qu'il fixait avec curiosité.
Maria, une jeune amie de mon épouse, musicienne comme elle et qui gardait notre fils de temps en temps, avait expliqué en riant ce phénomène : au Vénézuela, son pays d'origine, on racontait que les jeunes bébés pouvaient voir les esprits. Cette faculté disparaissait bien vite en grandissant, avec l'acquisition du langage. Les esprits, furtivement aperçus par ces témoins sans parole, regagnaient bien vite leur invisible cachette, et les enfants grandissait, oublieux de ces naïves visions...
J'avais ri jaune à cette charmante hypothèse. Je n'aimais pas ces histoires. Rationnel, carré, amateur de mathématiques, je n'y croyais pas bien sûr, mais je n'aimais pas quand même. Ça me dérangeait d'en parler. J'avais connu un autre type, aux vendanges, dans le Beaujolais, qui s'appelait Manu, et qui n'aimait pas ces histoires, non plus. J'y reviendrai.
Un soir, E. rentrait tard, nous étions avec kéké au milieu du salon, à agiter quelques hochets, dans le silence. Nous habitions en banlieue, parfois une mobylette vrombissait dans la rue, mais le reste du temps, il n'y avait pas de bruit. Alors tandis que je lui racontais d'imbéciles comptines avec la voix suraiguë qu'ont les parents dans l'intimité, à l'abri des amis d'enfance devant lesquels ils font les fortiches, kéké s'est mis à fixer un mur du salon. Coquin, j'ai dit : "alors, tu regardes les esprits ? " Le petit congélateur caché dans mon dos s'est allumé, bêtement, j'ai eu froid. J'ai rigolé, tiens, mon fils voit des dead people. On est bien. J'ai tourné le transat de l'autre côté, pour faire diversion, mais kéké, sans se laisser distraire le moins du monde, a aussitôt tourné la tête dans l'autre sens, retrouvant l'endroit exact du mur, si fascinant. Il souriait. Il agitait son hochet, comme pour faire coucou, comme s'il faisait du morse.
Et bien, on se fait des amis ? Tu ne connais pas la crèche, toi, alors tu profites de tes petits compagnons invisibles ? Et bien on va mettre un peu de musique, hein, dis-je la voix cassée ? Je me mis à chanter sans conviction "tape tape petites mains... tourne tourne joli moulin..."
Puis le chat s'est posté non loin de nous, il s'est mis lui aussi à regarder avec un vif intérêt et ses yeux verts comme des billes ce même coin du mur blanc. Ah non, gueulais-je, excédé, le chat ne va pas s'y mettre, lui aussi ! Comme je ne souhaitais pas mettre de coup de pied aux fesses à mon fils, je m'en suis pris au chat, l'envoyant prestement balader dans la pièce d'à côté par un majestueux vol plané. Le matou est revenu, insensible à mes gesticulations, pour se remettre au même endroit, et fixer les yeux brillants, le coin blanc.
Alors, le voisin a du faire tomber un dictionnaire par terre, un bruit sourd a fait trembler le mur, et mon coeur est sorti de la poitrine. Je l'ai ramassé par terre, et comme un zombi, je l'ai remis à l'intérieur du thorax, disant à Kéké : n'aie pas peur, n'aie pas peur, papa te protège ! Au fait, ai-je ajouté, prenant une voix caverneuse : mais qui protège papa ?
[Liens] Des mobylettes et des sous-marins
En train de bloguer. Mais hors ligne. Étrange non ? Le vaisseau mère prend la pluie comme un mobylette garée devant chez moi, tandis que je bichonne quelques grotesques sous-marins, dans les profondeurs.
En attendant, bonne nouvelle, Fishturn est de retour, dans un blog "Fous et Merveilles volume 2". Le concept est passionnant, il pousse loin ce principe qui nous est cher, le blog. L'écriture est vraiment magistrale, prenez une place, à l'orchestre.
Le temps passe trop vite ? Faites-le donc arrêter. Par la Police, de préférence, blog mené de main de maître par Bénédicte Desforges. Pour un poulet, elle a une sacré belle plume (je prends la porte, je sais). Et si ses histoires sont terribles, elle, elle est absolument sympathique.
Voilà, je ne tomberai pas non plus dans le piège du copinage éhonté en citant encore une fois Gaël et Nicolas (qui lui n'hésite jamais à faire un lien vers filaplomb, c'est honteux), je risquerais de me faire tancer par "Crise dans les médias".
Sinon, dans ceux que j'ai déjà cité, une fois, des jolies histoires de zozo comme je les aime. Ai-je cité Fannette et nea ? Non, pas encore.
Ai-je dit que les ménagères de moins de cinquante ans avait changé leur visuel ? Voilà qui est fait.
Allez, pour finir, avant ma saga "Kéké contre chez les extraterrestres en 45 billets", des choses en vidéo. Vous avez certainement entendu parler de Nicolas et Rachida, mais j'aime bien aussi celle là, par la Chanson du Dimanche :
EDIT : pour ceux que ça interesse, je me sers de mon petit compte tumblr pour noter des liens qui me plaisent, comme cet article d'Otir, par exemple.
Allez, à bientôt.
Des bizettes... ;)
En attendant, bonne nouvelle, Fishturn est de retour, dans un blog "Fous et Merveilles volume 2". Le concept est passionnant, il pousse loin ce principe qui nous est cher, le blog. L'écriture est vraiment magistrale, prenez une place, à l'orchestre.
Le temps passe trop vite ? Faites-le donc arrêter. Par la Police, de préférence, blog mené de main de maître par Bénédicte Desforges. Pour un poulet, elle a une sacré belle plume (je prends la porte, je sais). Et si ses histoires sont terribles, elle, elle est absolument sympathique.
Voilà, je ne tomberai pas non plus dans le piège du copinage éhonté en citant encore une fois Gaël et Nicolas (qui lui n'hésite jamais à faire un lien vers filaplomb, c'est honteux), je risquerais de me faire tancer par "Crise dans les médias".
Sinon, dans ceux que j'ai déjà cité, une fois, des jolies histoires de zozo comme je les aime. Ai-je cité Fannette et nea ? Non, pas encore.
Ai-je dit que les ménagères de moins de cinquante ans avait changé leur visuel ? Voilà qui est fait.
Allez, pour finir, avant ma saga "Kéké contre chez les extraterrestres en 45 billets", des choses en vidéo. Vous avez certainement entendu parler de Nicolas et Rachida, mais j'aime bien aussi celle là, par la Chanson du Dimanche :
EDIT : pour ceux que ça interesse, je me sers de mon petit compte tumblr pour noter des liens qui me plaisent, comme cet article d'Otir, par exemple.
Allez, à bientôt.
Des bizettes... ;)
lundi 3 décembre 2007
Le gâteau au chocolat
Je rentre des courses avec le gros chariot bordeaux. C'est un bon gros chariot de mamie, avec des roulettes, idéal pour faire ses commissions dans les petites rues parisiennes. Un peu grand certes, mais pratique, on y dépose ses deux steaks, ses trois oranges, les œufs et le lait, ce qui nous fait cinquante euros judicieusement dépensés.
Avant, j'y mettais quelquefois kéké dedans, lorsqu'il était plus petit, comme un gros sac de patate ; il avait sa tête qui dépassait, il mettait ses petites mains rassemblées au bord, contre son menton. Je le traînais à toute vitesse, kéké rigolait, je disais : " Tiens, j'ai acheté du gigot de bébé ", les gens trouvaient ça bizarre. Parfois, lorsqu'il était gardé par la nounou, dès que je rentrais à la maison, il me réclamait immédiatement : " Chariot ! Chariot ! Chariot ! " L'air un peu gêné, je m'exécutais : je sortais le chariot à roulette, j'y mettais le fiston dedans, et je parcourais la pièce tandis qu'il s'extasiait. La nounou trouvait ça bizarre.
Mais aujourd'hui, je rentre du Champion avec un chariot bien rempli, tout mon salaire a dû y passer. Aujourd'hui, tout le monde est malade. Kéké a la fièvre. Il a fait sa grosse lèvre du bas, ses yeux humides de personnage de manga, et a réclamé : "Gâteau au chocolat ? " La seule personne valide, moi, a été désignée comme volontaire. Les consignes étaient simples : objectif principal, gâteau au chocolat.
Mon retour est triomphant ! "Gâteau au chocolat ! ", s'exclame la foule en liesse, amassée dans les rues de mon appartement ! Le père prodigue est revenu ! L'attente est si forte, de leur corps fatigués vibrent des petites mains, ils réclament leur pitance.
Mais moi, je suis sadique. Je fais : "Quoi ? hein ? Ga quoi ? Teau quoi ? Gâteau au quoi ? Jamais entendu parler ! " Alors la foule sans retenue se tord, gémit, s'arrache les cheveux, implore sa douceur. Gâteau au chocolat, opium de mon peuple. Vite ! Qu'on libère Barrabas, qu'on cloue Jésus, qu'on fasse ce qu'on veut mais qu'on sorte le foutu gâteau au chocolat du chariot ! "
Mais tel un méchant de James Bond, je fais des rires sardoniques : "Oh flûte. Je crois que je l'ai oublié. Pas de gâteau au chocolat. Gnark gnark gnark. " Et lentement, je sors une par une les emplettes du chariot, je prends mon temps. Je crains l'émeute. Je grince des dents, je roule des yeux de fous. " Je l'ai peut-être mangé en route, qui sait ? "
Le chariot est vidé à moitié, je me complais à les voir aplati par terre, sans aucune dignité, la langue pendante ; et alors le doute m'assaillit. Et si j'avais vraiment oublié le gâteau au chocolat ? Et s'il n'y était pas dans le chariot ? Je poursuis mes rires diaboliques, mais leur intensité baisse peu à peu, ma voix déraille. Pourtant, je me revois bien dans le rayon, à bien choisir "chocolat noir" et non pas "chocolat tout court ", car Kéké est allergique au lait.
Puis j'arrive à la litière, le chariot est maintenant vide, et il n'y a pas de gâteau au chocolat. Je dis : "Oh merde, j'ai vraiment oublié de le gâteau au chocolat. " Eux, continuent à gémir, partagé entre la colère et la comédie. Vite ! On a faim ! Non mais sérieusement, dis-je. J'ai oublié le gâteau au chocolat. Allez, finie la plaisanterie, maintenant, gronde mon épouse. Je sors l'étiquette, et je cherche dans la liste. Rien. Je bafouille, bredouille. Pourtant, dis-je, dans les rayons j'ai bien choisi "chocolat noir ". Silence. Virtuellement, une potence se dresse. La potence à papa. Kéké trousse sa lève inférieure tremblante, fait d'immenses yeux humides, et articule dans une plainte interminable : " Ga... teau .. au ... cho... co.. laaaat !... "
Je suis chassé de mon domicile, sans chariot, afin de ramener au plus vite le goûter, couvert de sobriquets sévères tels que : nul, incapable, débile, imbécile, ordure.
J'ai assumé pleinement la responsabilité de cet échec patent. Responsable et coupable. J'ai présenté immédiatement ma démission du poste de père ; démission aussitôt refusée.
Avant, j'y mettais quelquefois kéké dedans, lorsqu'il était plus petit, comme un gros sac de patate ; il avait sa tête qui dépassait, il mettait ses petites mains rassemblées au bord, contre son menton. Je le traînais à toute vitesse, kéké rigolait, je disais : " Tiens, j'ai acheté du gigot de bébé ", les gens trouvaient ça bizarre. Parfois, lorsqu'il était gardé par la nounou, dès que je rentrais à la maison, il me réclamait immédiatement : " Chariot ! Chariot ! Chariot ! " L'air un peu gêné, je m'exécutais : je sortais le chariot à roulette, j'y mettais le fiston dedans, et je parcourais la pièce tandis qu'il s'extasiait. La nounou trouvait ça bizarre.
Mais aujourd'hui, je rentre du Champion avec un chariot bien rempli, tout mon salaire a dû y passer. Aujourd'hui, tout le monde est malade. Kéké a la fièvre. Il a fait sa grosse lèvre du bas, ses yeux humides de personnage de manga, et a réclamé : "Gâteau au chocolat ? " La seule personne valide, moi, a été désignée comme volontaire. Les consignes étaient simples : objectif principal, gâteau au chocolat.
***
Mon retour est triomphant ! "Gâteau au chocolat ! ", s'exclame la foule en liesse, amassée dans les rues de mon appartement ! Le père prodigue est revenu ! L'attente est si forte, de leur corps fatigués vibrent des petites mains, ils réclament leur pitance.
Mais moi, je suis sadique. Je fais : "Quoi ? hein ? Ga quoi ? Teau quoi ? Gâteau au quoi ? Jamais entendu parler ! " Alors la foule sans retenue se tord, gémit, s'arrache les cheveux, implore sa douceur. Gâteau au chocolat, opium de mon peuple. Vite ! Qu'on libère Barrabas, qu'on cloue Jésus, qu'on fasse ce qu'on veut mais qu'on sorte le foutu gâteau au chocolat du chariot ! "
Mais tel un méchant de James Bond, je fais des rires sardoniques : "Oh flûte. Je crois que je l'ai oublié. Pas de gâteau au chocolat. Gnark gnark gnark. " Et lentement, je sors une par une les emplettes du chariot, je prends mon temps. Je crains l'émeute. Je grince des dents, je roule des yeux de fous. " Je l'ai peut-être mangé en route, qui sait ? "
Le chariot est vidé à moitié, je me complais à les voir aplati par terre, sans aucune dignité, la langue pendante ; et alors le doute m'assaillit. Et si j'avais vraiment oublié le gâteau au chocolat ? Et s'il n'y était pas dans le chariot ? Je poursuis mes rires diaboliques, mais leur intensité baisse peu à peu, ma voix déraille. Pourtant, je me revois bien dans le rayon, à bien choisir "chocolat noir" et non pas "chocolat tout court ", car Kéké est allergique au lait.
Puis j'arrive à la litière, le chariot est maintenant vide, et il n'y a pas de gâteau au chocolat. Je dis : "Oh merde, j'ai vraiment oublié de le gâteau au chocolat. " Eux, continuent à gémir, partagé entre la colère et la comédie. Vite ! On a faim ! Non mais sérieusement, dis-je. J'ai oublié le gâteau au chocolat. Allez, finie la plaisanterie, maintenant, gronde mon épouse. Je sors l'étiquette, et je cherche dans la liste. Rien. Je bafouille, bredouille. Pourtant, dis-je, dans les rayons j'ai bien choisi "chocolat noir ". Silence. Virtuellement, une potence se dresse. La potence à papa. Kéké trousse sa lève inférieure tremblante, fait d'immenses yeux humides, et articule dans une plainte interminable : " Ga... teau .. au ... cho... co.. laaaat !... "
Je suis chassé de mon domicile, sans chariot, afin de ramener au plus vite le goûter, couvert de sobriquets sévères tels que : nul, incapable, débile, imbécile, ordure.
J'ai assumé pleinement la responsabilité de cet échec patent. Responsable et coupable. J'ai présenté immédiatement ma démission du poste de père ; démission aussitôt refusée.
dimanche 2 décembre 2007
Point de vue numéro trois : le reste du monde (3/3)
[lire le tout début]
L'embaumeur sort de la pièce, il s'entretient avec la femme. Il laisse derrière lui, dans la chambre à coucher, une odeur de propre délétère, le sang antiputride pour les morts ; là où fut un havre de tendresse, un nid de chaleur décoré de portraits, il reste un peu l'ombre de la cuisine secrète des soins occultes. La fenêtre est ouverte, il faudra fermer au bout d'une heure, mais les rideaux garderont un peu la fragrance invraisemblable du formaldéhyde, il faudrait les changer, mais ça ne servirait à rien, il faudrait changer les murs, les portes, l'immeuble entier.
Il s'entretient avec la femme, il compatit. C'est terrible comme maladie, n'est-ce pas. A force, les embaumeurs, comme les pathologistes, savent déchiffrer notre fin de carrière. Il prend son matériel, et s'en va.
L'embaumeur, tandis qu'il marche sur le trottoir, se fait accoster par le voleur. L'embaumeur n'en revient pas. File moi les sacoches, le croque-mort. C'est comique. Il tente d'expliquer, ne trouve pas les termes. Tout de même, ce n'est pas respectueux. Il cherche les mots, il a dû les laisser dans la valise, au secret, avec la fatigue de la semaine. Mais l'autre, nerveux, ne lui laisse pas le choix, avec son gros couteau. L'embaumeur, lui, a de plus gros couteaux, certes, mais là n'est pas la question.
Le voleur s'enfuit, laborieusement ; son départ est plutôt leste, mais surpris par le poids des mallettes, il ralentit assez vite. L'embaumeur reste planté comme une canule sur le trottoir, les bras ballants. Il vient de se faire dévaliser. Que faire ? Il jauge le voleur qui prend la clef des champs sans trouver la serrure, le long de la rue, se secouant comme un diable de droite à gauche. Au jugé, l'embaumeur estime pouvoir le rattraper assez facilement, s'il s'en donne la peine.
Mais il renonce. Il se dit que l'assurance paiera. Il voit l'autre, ses deux valises goulûment enserrées décrire des bonds chaotiques. L'autre disparaît enfin à l'angle de la rue.
L'embaumeur s'assoie un moment sur un banc, écarte les bras, retire ses talons meurtris des chaussures, puis s'allume une cigarette. Il contemple les arbres, leur univers orange, sonore et alambiqué, peuplés d'adorables créatures. Il se détend pleinement, sa journée, comme toute chose dans ce monde, a connu sa fin. L'humanité, la compassion, le respect pour les défunts ; le coeur est léger. Il tente d'imaginer la tête du gredin, pleine de gourmandise, en train de forcer les valises étanches ; le déclic, l'ouverture, le butin. Il sourit.
L'embaumeur sort de la pièce, il s'entretient avec la femme. Il laisse derrière lui, dans la chambre à coucher, une odeur de propre délétère, le sang antiputride pour les morts ; là où fut un havre de tendresse, un nid de chaleur décoré de portraits, il reste un peu l'ombre de la cuisine secrète des soins occultes. La fenêtre est ouverte, il faudra fermer au bout d'une heure, mais les rideaux garderont un peu la fragrance invraisemblable du formaldéhyde, il faudrait les changer, mais ça ne servirait à rien, il faudrait changer les murs, les portes, l'immeuble entier.
Il s'entretient avec la femme, il compatit. C'est terrible comme maladie, n'est-ce pas. A force, les embaumeurs, comme les pathologistes, savent déchiffrer notre fin de carrière. Il prend son matériel, et s'en va.
L'embaumeur, tandis qu'il marche sur le trottoir, se fait accoster par le voleur. L'embaumeur n'en revient pas. File moi les sacoches, le croque-mort. C'est comique. Il tente d'expliquer, ne trouve pas les termes. Tout de même, ce n'est pas respectueux. Il cherche les mots, il a dû les laisser dans la valise, au secret, avec la fatigue de la semaine. Mais l'autre, nerveux, ne lui laisse pas le choix, avec son gros couteau. L'embaumeur, lui, a de plus gros couteaux, certes, mais là n'est pas la question.
Le voleur s'enfuit, laborieusement ; son départ est plutôt leste, mais surpris par le poids des mallettes, il ralentit assez vite. L'embaumeur reste planté comme une canule sur le trottoir, les bras ballants. Il vient de se faire dévaliser. Que faire ? Il jauge le voleur qui prend la clef des champs sans trouver la serrure, le long de la rue, se secouant comme un diable de droite à gauche. Au jugé, l'embaumeur estime pouvoir le rattraper assez facilement, s'il s'en donne la peine.
Mais il renonce. Il se dit que l'assurance paiera. Il voit l'autre, ses deux valises goulûment enserrées décrire des bonds chaotiques. L'autre disparaît enfin à l'angle de la rue.
L'embaumeur s'assoie un moment sur un banc, écarte les bras, retire ses talons meurtris des chaussures, puis s'allume une cigarette. Il contemple les arbres, leur univers orange, sonore et alambiqué, peuplés d'adorables créatures. Il se détend pleinement, sa journée, comme toute chose dans ce monde, a connu sa fin. L'humanité, la compassion, le respect pour les défunts ; le coeur est léger. Il tente d'imaginer la tête du gredin, pleine de gourmandise, en train de forcer les valises étanches ; le déclic, l'ouverture, le butin. Il sourit.
samedi 1 décembre 2007
Point de vue numéro deux : l'embaumeur (2/3)
[Lire le début]
L'embaumeur regarde l'homme mort, allongé sur le lit. Ses yeux sont effondrés à l'intérieur du visage, enfouissant les souvenirs et les visages de ses propres aïeux. Ses traits sont aiguisés, durs, abrupts tels une falaise humaine. La chair déjà aspirée par les profondeurs, est tendue, comme tirée par un chirurgien souterrain, ce qui donne au défunt un masque plus juvénile aux contours violacés. La douleur a desserré son emprise, et la personne gisante semble épuisée mais confortable, en harmonie avec le profond silence.
Il déshabille son sujet, le lave, nettoie l'intimité désarmée du corps avec du coton, pré-ligature la bouche. Il pose le pied sur la cheville de l'autre jambe, retourne le corps. Il parcourt les cuisses blafardes, les poils, le sexe, il s'en occupe avec une précautionneuse humanité. Les chaussures neuves de l'embaumeur grincent, c'est incommode, il aurait dû les user pendant le week-end. Il pense, sifflote presque, murmure une chanson au fond de sa gorge, au rythme de la pompe.
La canule a été injectée, et le liquide rose semble regonfler cet homme comme un ballon de couleur ; les yeux remontent, les lividités s'estompent. Le bruit de pompe se poursuit doucement, comme un battement de coeur.
La maladie était importante. Insatiable, elle a goûté de tout, comme un garnement croquant au hasard tous les fruits du panier, sans les terminer, et les laissant pourrir dans le réceptacle. Le fils aîné arrivera dans quelques jours, il est loin, il prendra l'avion, il faut donc attendre, et faire en sorte que l'attente soit acceptable. Dans un pareil cas, il sait ce qui lui reste à faire. Il doit débarrasser la dépouille de ses entrailles, vider le corps comme on le fait depuis les pharaons, par une ponction abdominale.
Afin de recueillir les viscères, ce mécanisme alambiqué tapi au centre de chacun, il se saisit de deux grandes valises étanches, qu'il dispose au bord du lit.
L'embaumeur regarde l'homme mort, allongé sur le lit. Ses yeux sont effondrés à l'intérieur du visage, enfouissant les souvenirs et les visages de ses propres aïeux. Ses traits sont aiguisés, durs, abrupts tels une falaise humaine. La chair déjà aspirée par les profondeurs, est tendue, comme tirée par un chirurgien souterrain, ce qui donne au défunt un masque plus juvénile aux contours violacés. La douleur a desserré son emprise, et la personne gisante semble épuisée mais confortable, en harmonie avec le profond silence.
Il déshabille son sujet, le lave, nettoie l'intimité désarmée du corps avec du coton, pré-ligature la bouche. Il pose le pied sur la cheville de l'autre jambe, retourne le corps. Il parcourt les cuisses blafardes, les poils, le sexe, il s'en occupe avec une précautionneuse humanité. Les chaussures neuves de l'embaumeur grincent, c'est incommode, il aurait dû les user pendant le week-end. Il pense, sifflote presque, murmure une chanson au fond de sa gorge, au rythme de la pompe.
La canule a été injectée, et le liquide rose semble regonfler cet homme comme un ballon de couleur ; les yeux remontent, les lividités s'estompent. Le bruit de pompe se poursuit doucement, comme un battement de coeur.
La maladie était importante. Insatiable, elle a goûté de tout, comme un garnement croquant au hasard tous les fruits du panier, sans les terminer, et les laissant pourrir dans le réceptacle. Le fils aîné arrivera dans quelques jours, il est loin, il prendra l'avion, il faut donc attendre, et faire en sorte que l'attente soit acceptable. Dans un pareil cas, il sait ce qui lui reste à faire. Il doit débarrasser la dépouille de ses entrailles, vider le corps comme on le fait depuis les pharaons, par une ponction abdominale.
Afin de recueillir les viscères, ce mécanisme alambiqué tapi au centre de chacun, il se saisit de deux grandes valises étanches, qu'il dispose au bord du lit.
vendredi 30 novembre 2007
Point de vue numéro un : le voleur (1/3)
Un homme dans un costume raide et noir, très élégant, sort d'un bel immeuble. A sa main, il porte deux grandes valises. Ce sont deux lourds bagages, identiques, massifs, sombres, au plastique brillant comme deux blocs de quartz. Il longe la rue d'un pas pressé, les jambes martelées par son symétrique chargement. Le voleur devine l'inconnu, de loin, il voit son teint blanc, et se représente la fortune qui l'étouffe sans doute, les billets de banque, innombrables, rembourrant les coussins et les édredons, les grosses coupures sales d'avoir navigué dans une multitude de mains.
Sans doute un voyage vers la Suisse au bout de ces pas si pressés ? Un discret bureau de banquier, des coffres forts ? Comptes Offshore ? L'homme en noir, au costume raide, avec ses mallettes et ses souliers trop neufs qui font un bruit de porte, se dépêche.
Le voleur s'approche. Le convoyeur devant lui est vêtu comme un lord étriqué ; ces hommes d'affaires ressemblent à des croque-morts, pense-t-il. Un fossoyeur de mauvais goût, trop élégant, trop grand, trop propre. Argenterie ? Vêtements de marque ? Obligations ? Réveils Matins ? Liasses finement attachées ?
Comme il se rapproche, il distingue parfaitement le couinement des chaussures neuves. Caricature élégante, le passant affairé est plus semblable au majordome, au fond. Celui-ci se retourne, apostrophé. Il tente de raisonner le voleur, mais sa plainte est risible. Vous comprenez, ça ne se fait pas. Ce n'est pas respectable. Vous allez le regretter ! Quelle comédie !
Le voleur s'enfuie à présent. Il détale, mais pas tant que ça. Ces valises sont bien lourdes tout de même.
[lire la suite]
Sans doute un voyage vers la Suisse au bout de ces pas si pressés ? Un discret bureau de banquier, des coffres forts ? Comptes Offshore ? L'homme en noir, au costume raide, avec ses mallettes et ses souliers trop neufs qui font un bruit de porte, se dépêche.
Le voleur s'approche. Le convoyeur devant lui est vêtu comme un lord étriqué ; ces hommes d'affaires ressemblent à des croque-morts, pense-t-il. Un fossoyeur de mauvais goût, trop élégant, trop grand, trop propre. Argenterie ? Vêtements de marque ? Obligations ? Réveils Matins ? Liasses finement attachées ?
Comme il se rapproche, il distingue parfaitement le couinement des chaussures neuves. Caricature élégante, le passant affairé est plus semblable au majordome, au fond. Celui-ci se retourne, apostrophé. Il tente de raisonner le voleur, mais sa plainte est risible. Vous comprenez, ça ne se fait pas. Ce n'est pas respectable. Vous allez le regretter ! Quelle comédie !
Le voleur s'enfuie à présent. Il détale, mais pas tant que ça. Ces valises sont bien lourdes tout de même.
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Le clou, le marteau
...et maintenant quelque chose de complètement différent.
Pour faire une transition, après ces billets sur mon kéké plus longs qu'un feuilleton de l'été de TF1 (Le Zolmen : une saga trépidante où un industriel corse du biscuit breton se fait assassiner par un druide communiste, tandis que sa fille aînée, mannequin chez Wonderbra et ex-agent de la police scientifique de New York, mène l'enquête dans un bikini paranormal.), voici donc un bon vieux billet du vendredi soir où il fait déjà nuit, mais j'avais qu'à naître en Australie si je suis pas content.
Il y a deux types de gens : les premiers trouvent des clous, et se demandent comment faire pour les planter dans le mur. Alors ils se disent : "Tiens ! On va inventer le marteau, ça sera pratique !"
La seconde catégorie comprend les gens qui inventent le marteau et se disent : "Ben c'est bien joli, on est bien ingénieux, mais qu'est-ce qu'on va pouvoir en faire ?" Ils répondent alors : "Oh ! on n'a qu'à inventer le clou, comme ça on pourra utiliser le marteau !"
Je peux poursuivre la métaphore ainsi : Il y a les gens qui se disent : "Tiens, je vis ici. Et mon travail est à trois kilomètres ! C'est loin ! Que vais-je faire ? J'invente la voiture ! " D'autres, qui affirment : "Je suis tranquille, je vis où je travaille, je mange les fruits de l'innocence, mais je viens d'inventer la voiture. Que faire ? Et bien je déplace mon lieu de travail à trois kilomètres, comme ça, j'invente le périphérique, ça serait dommage sinon d'avoir inventé la voiture pour rien."
Moi, il me semble entrer dans la seconde catégorie. Celle des singes qui découvrent un os, et qui se demandent bien ce qu'ils vont faire avec. Je viens de découvrir ce bel os qui est tumblr, par exemple, je m'amuse avec des gros boutons, et je me demande ce que je vais en faire. Je cherche. Je trouverai bien. Je suis le savant fou et James Bond ne m'aime pas.
Voilà. Maintenant, je vais conclure. Attention, c'est ma première conclusion web 2.0, comme dirait ploum, ça se termine toujours par une question, du style la grande communauté des commentateurs, du genre ma conclusion est une ouverture à la réflexion, comme au bac, où bien : "les médias démarrent des conversations, les blogs aussi mais parfois des start-up".
Il y a longtemps, quand j'étais petit et que mon rêve était d'avoir un grand blog, je me disais : "lorsque je serais grand, que j'aurai des commentateurs, je pourrais ouvrir des débats, et il y aura des gens qui discuterons, des filles nues qui m'enverront des photos d'elles habillées, etc." Alors maintenant que j'ai des commentateurs, je vais me permettre ce luxe, et terminer mon billet par une question, un problème de fond, un vrai débadidé.
Mais qu'est-ce que je pourrais trouver comme question, au juste ?
(test)
mercredi 28 novembre 2007
Poli 2.0 : Kéké (3)
Ca commence beaucoup ici, et un peu par là.
La maternité était à un quart d'heure à pied, nous avons pris la valise noire et entamé notre périple. Le matin se dressait lentement, métallique, comme une lame à cran d'arrêt découpant la brume. C'était un quart d'heure à pied, mais pas pour quelqu'un qui accouche, en fait. Quelle idée avions-nous, impossible de marcher plus de deux pas sans s'asseoir par terre. J'ai dit très diplomatiquement : s'il te plaît, tu ne vas tout de même pas accoucher sur le trottoir ? La neige s'est mise à tomber. Il ne manquait plus que les loups.
Parfois nous croisions des passants, qui accéléraient leur marche avec horreur comme s'ils avaient croisés les monstres des égouts. E. me disait de temps en temps : " tu es vraiment un connard ". Arrivés à la maternité, j'ai dit un truc débile du style " C'est pour un accouchement, s'il vous plait ", tandis que mon épouse se traînait par terre, implorant qu'on l'achève d'une balle dans la tête comme un cheval.
C'est que nous voulions un accouchement sans douleur. Naturel. Sans artifice. Sans péridurale, juste le souffle de la respiration et des chansons. Avec un âne et des vaches ; j'aurais joué de la guitare, et ma femme fait du macramé, tout ça. Elle avait tout prévu, elle allait accoucher assise ou accroupie, avec du Chopin en fond sonore, des danseurs contemporains, des happenings avec des gens nus, etc. Mais bon, nous avons eu en fait l'accouchement le plus médicalisé de l'année, il ne manquait plus que des androïdes, Dark Vador et un bistouri laser pour faire plus moderne. E. me répétait : " pardon, mais tu es vraiment un connard, pardon, etc. S'il vous plaît, piquez-moi ! "
C'était long, c'était trop, je n'avais pas les moyens pour de telles émotions. J'ai vu la tête apparaître, éponge rouge de cheveux, et j'ai pensé : "tiens ça serait bien si je pleurais maintenant, je crois que çà me défoulerait un petit peu.", mais en vain, j'étais comme un rustre devant l'horloge du monde, abruti, effacé, envahi. J'ai eu un court-circuit, je me suis senti décalé, c'était comme si je vivais un documentaire en trois dimension, au Futuroscope. Je voulais vraiment pleurer, cela semblait une bonne initiative, un bonne idée d'improvisation dans cette séquence. Mais je regardais, hébété, les mains posées sur mes cuisses, comme on regarde une course de cheval, attentif, concentré sur le résultat. Je comprenais que certains s'encombrent de camescopes ou d'appareils photos, pour meubler. Ma compagne me disait de temps en temps : " Espèce de connard, peux-tu me vaporiser le front ? " J'ai vu une oreille. Une bon sang de bonsoir d'oreille d'être humain, neuve, ronde, parfaite, une personne que l'on déballe devant moi, encore sous garantie, un congénère qui a voyagé depuis le singe, les huîtres et les lombrics, qui va s'essayer à l'existence, encore un autre contribuable, un ami fidèle, un amoureux, quelqu'un qui écoutera de la musique en rêvant, quelqu'un qui voudra dompter le monde ; j'ai pensé qu'on ferait sacrement la foire, qu'on accomplirait un sacré voyage, même si on ne sortait jamais du quartier, j'ai pensé qu'il fermerait mes yeux, un jour.
J'avais prévu bien avant tout ça de vomir partout, le moment venu ; j'avais averti E. : si on me propose de couper le " cordon " (je surnommais ça : " la tripe "), je dirai non, hein, c'est quand même dégueulasse. Mais en fait non. Tout m'a paru doux et intéressant, comme véritablement dans les coulisses de l'existence, l'atelier de l'humanité. Peu à peu, je me détendais. C'est bête à dire, mais c'était captivant, comme lorsque j'avais visité une usine de chocolat.
On a sorti un tout petit enfant, il était bleu, il ne respirait pas tellement puisque son cordon s'était enroulé autour du cou, il était flasque et ses membres pendouillaient à l'instar d'un poulet aux hormones déplumé ; les gens étaient très inquiets, mais moi j'étais très heureux, c'était mon fils, j'étais fier, c'était moi qui l'avais fait, moi, le type derrière le personnel en blanc, le figurant considérable, l'homme au sexe électrique qui avait transformé de la salade niçoise en créature humaine ; alors on l'a dénoué gentiment, calmement, patiemment, sans paniquer ; c'était joli, il s'est mis à tousser, à rosir, à respirer, il vivait. Puis on demandé si je voulais couper le cordon, j'ai dit " oui, pardi, tiens, bordel ! ", la sage-femme a clampé la tripe grise qui battait encore comme une veine majestueuse, tandis que mon fils était au monde, et j'ai sectionné sa fidèle cantine. Puis on l'a posé contre sa mère, il n'était pas très content, il gémissait " what the fuck, c'est quoi ce bazar, das ist eine scandall ? ! ", des grossièretés dans le langage des anges. Après, la sage-femme a tenu a me montrer le placenta, j'ai dit oui, au cas où je passe un examen de placenta dans l'année, on ne sait jamais ; elle m'a tout expliqué de cet immense bonnet de bain tout flasque, et j'étais content et studieux, j'ai failli prendre des notes.
J'avais le mal de joie, comme si une méchanceté divine avait fait pivoter ma tête plusieurs fois autour de mon cou.
...il me ressemble ! Avais-je fini par lâcher quand même, les lèvres tordues, les yeux avalés. Mais c'est vrai, avait répondu tout doucement la sage-femme, il vous ressemble.
La maternité était à un quart d'heure à pied, nous avons pris la valise noire et entamé notre périple. Le matin se dressait lentement, métallique, comme une lame à cran d'arrêt découpant la brume. C'était un quart d'heure à pied, mais pas pour quelqu'un qui accouche, en fait. Quelle idée avions-nous, impossible de marcher plus de deux pas sans s'asseoir par terre. J'ai dit très diplomatiquement : s'il te plaît, tu ne vas tout de même pas accoucher sur le trottoir ? La neige s'est mise à tomber. Il ne manquait plus que les loups.
Parfois nous croisions des passants, qui accéléraient leur marche avec horreur comme s'ils avaient croisés les monstres des égouts. E. me disait de temps en temps : " tu es vraiment un connard ". Arrivés à la maternité, j'ai dit un truc débile du style " C'est pour un accouchement, s'il vous plait ", tandis que mon épouse se traînait par terre, implorant qu'on l'achève d'une balle dans la tête comme un cheval.
C'est que nous voulions un accouchement sans douleur. Naturel. Sans artifice. Sans péridurale, juste le souffle de la respiration et des chansons. Avec un âne et des vaches ; j'aurais joué de la guitare, et ma femme fait du macramé, tout ça. Elle avait tout prévu, elle allait accoucher assise ou accroupie, avec du Chopin en fond sonore, des danseurs contemporains, des happenings avec des gens nus, etc. Mais bon, nous avons eu en fait l'accouchement le plus médicalisé de l'année, il ne manquait plus que des androïdes, Dark Vador et un bistouri laser pour faire plus moderne. E. me répétait : " pardon, mais tu es vraiment un connard, pardon, etc. S'il vous plaît, piquez-moi ! "
C'était long, c'était trop, je n'avais pas les moyens pour de telles émotions. J'ai vu la tête apparaître, éponge rouge de cheveux, et j'ai pensé : "tiens ça serait bien si je pleurais maintenant, je crois que çà me défoulerait un petit peu.", mais en vain, j'étais comme un rustre devant l'horloge du monde, abruti, effacé, envahi. J'ai eu un court-circuit, je me suis senti décalé, c'était comme si je vivais un documentaire en trois dimension, au Futuroscope. Je voulais vraiment pleurer, cela semblait une bonne initiative, un bonne idée d'improvisation dans cette séquence. Mais je regardais, hébété, les mains posées sur mes cuisses, comme on regarde une course de cheval, attentif, concentré sur le résultat. Je comprenais que certains s'encombrent de camescopes ou d'appareils photos, pour meubler. Ma compagne me disait de temps en temps : " Espèce de connard, peux-tu me vaporiser le front ? " J'ai vu une oreille. Une bon sang de bonsoir d'oreille d'être humain, neuve, ronde, parfaite, une personne que l'on déballe devant moi, encore sous garantie, un congénère qui a voyagé depuis le singe, les huîtres et les lombrics, qui va s'essayer à l'existence, encore un autre contribuable, un ami fidèle, un amoureux, quelqu'un qui écoutera de la musique en rêvant, quelqu'un qui voudra dompter le monde ; j'ai pensé qu'on ferait sacrement la foire, qu'on accomplirait un sacré voyage, même si on ne sortait jamais du quartier, j'ai pensé qu'il fermerait mes yeux, un jour.
J'avais prévu bien avant tout ça de vomir partout, le moment venu ; j'avais averti E. : si on me propose de couper le " cordon " (je surnommais ça : " la tripe "), je dirai non, hein, c'est quand même dégueulasse. Mais en fait non. Tout m'a paru doux et intéressant, comme véritablement dans les coulisses de l'existence, l'atelier de l'humanité. Peu à peu, je me détendais. C'est bête à dire, mais c'était captivant, comme lorsque j'avais visité une usine de chocolat.
On a sorti un tout petit enfant, il était bleu, il ne respirait pas tellement puisque son cordon s'était enroulé autour du cou, il était flasque et ses membres pendouillaient à l'instar d'un poulet aux hormones déplumé ; les gens étaient très inquiets, mais moi j'étais très heureux, c'était mon fils, j'étais fier, c'était moi qui l'avais fait, moi, le type derrière le personnel en blanc, le figurant considérable, l'homme au sexe électrique qui avait transformé de la salade niçoise en créature humaine ; alors on l'a dénoué gentiment, calmement, patiemment, sans paniquer ; c'était joli, il s'est mis à tousser, à rosir, à respirer, il vivait. Puis on demandé si je voulais couper le cordon, j'ai dit " oui, pardi, tiens, bordel ! ", la sage-femme a clampé la tripe grise qui battait encore comme une veine majestueuse, tandis que mon fils était au monde, et j'ai sectionné sa fidèle cantine. Puis on l'a posé contre sa mère, il n'était pas très content, il gémissait " what the fuck, c'est quoi ce bazar, das ist eine scandall ? ! ", des grossièretés dans le langage des anges. Après, la sage-femme a tenu a me montrer le placenta, j'ai dit oui, au cas où je passe un examen de placenta dans l'année, on ne sait jamais ; elle m'a tout expliqué de cet immense bonnet de bain tout flasque, et j'étais content et studieux, j'ai failli prendre des notes.
J'avais le mal de joie, comme si une méchanceté divine avait fait pivoter ma tête plusieurs fois autour de mon cou.
...il me ressemble ! Avais-je fini par lâcher quand même, les lèvres tordues, les yeux avalés. Mais c'est vrai, avait répondu tout doucement la sage-femme, il vous ressemble.
mardi 27 novembre 2007
Poli 2.0 : Kéké (2)
C'est ici que ça commence.
La première échographie a été pour nous bien plus tôt que prévu, le médecin avait craint une grossesse extra-utérine, la créature qui pousse au mauvais endroit et qui fait le coup de l'" alien " à la future mère. Tout de suite, nous nous sommes crus poissards, persuadés que le destin se vengeait des petites fourmis mises au congélateur de notre enfance, mais l'obstétricienne a dit : " tout va bien ", polichinelle est bien dans le tiroir, et pas dans le vide-ordure, tandis que sur le moniteur, un point blanc scintillant adhérait à la matrice. Du coup, j'ai voulu déconner et j'ai dit au médecin, désignant la douzaine de cellules, le morula : " oh ! Il me ressemble ! ", elle est restée sans réaction, comme vêtue d'une combinaison anti-crétins.
Nous ne nous sommes pas emballés. De froids lézards dépourvus d'émotion, capables de manger d'adorables petits chatons sans ciller, en commençant par la tête. Calmes, impassibles, nous n'avons acheté que des petites grenouillères très banales, décorées de poussins des plus neutres, ou bien quelques bonnets moyennement adorable et passablement doux.
A la première, mais quand même seconde, échographie, nous avons découvert sur le radar le point blanc qui avait germé comme une pomme de terre oubliée. Cette créature était ciselée telle un bonsaï d'homme, une sorte de porte-clefs agité, nerveux : un corps long, fin, une chaînette terminée par une grosse boucle dans laquelle on glisse la photo du cerveau. Cet étrangeté rebondissait sur les parois en disant : " oh s'il vous plaît chers petits parents aimés, emballez-vous ! " Nous fumes surpris, car cela bougeait excessivement comme un yoyo, contrairement aux photographies des magazines où c'était figé dans le silence, un peu comme dans 2001 l'Odyssée de l'Espace. Comme il gigotait dans le vacarme des pompes intérieures, nous l'avons surnommé "Gigoto". J'ai dit au médecin, désignant "Gigoto" : " Oh c'est fou comme il me ressemble ! " Les idiots devaient lui pleuvoir dessus comme l'eau sur un imperméable.
Au mois de juillet, nous allions connaître le sexe. A l'entrée de l'immeuble, il y avait inscrit comme nom sur une boite aux lettres : " M. Garçon ". J'ai dit : " C'est un signe ! ". J'avais bien envie d'une fille, en fait, à cause du complexe d'oedipe, des garçons qui assassinent leur père en les traitant de connards, etc. J'avais dit : " on prend pas de risque, on commande une fille ", comme une pizza trois fromages, pas de risque, c'est toujours bien.
L'obstétricienne énumérait machinalement : " Deux bras, deux jambes, des mains. " (je pensais : le zizi ?) Puis elle nous a demandé si on voulait savoir le sexe, et j'ai failli mourir, ça aurait été dommage de pas savoir la fin de l'histoire. Elle a dit " c'est un garçon ", j'ai dit : " vous êtes sûre ? " Elle m'a désigné un zizi, et m'a fait bêtement : " ben oui, ça se voit pas ? " . J'ai failli demander : " est-ce qu'il va me traiter de connard et m'assassiner ? ", mais l'image de Gigoto n'était pas très précise sur l'écran. Alors j'ai fanfaronné, devant ces ondes sonores, j'ai dit d'un air absolument complice : " pour sûr, il me ressemble ! ", l'échographe a pris une mine fatiguée qui semblaient signifier : ces pères, il faudrait tous les buter, leur arracher le tête, les passer au mixeur pour en faire de la pâté pour chiens galeux.
Le 26 novembre 2005, très tôt, vers 3 heures, E. s'est levée pour prendre un bain. C'était la date exacte, à l'heure près. Une montre suisse, cet enfant. Elle a dit : " je crois que c'est le moment. " J'ai mis la tête dans mon coussin et j'ai murmuré : "Téléportation !" Monsieur Spoke, fais moi revenir au vaisseau mère ! Rendez-moi mon enfance ! Donnez-moi des devoirs ! C'était le jour J. Omaha Beach, me voilà.
C'est ici la suite.
La première échographie a été pour nous bien plus tôt que prévu, le médecin avait craint une grossesse extra-utérine, la créature qui pousse au mauvais endroit et qui fait le coup de l'" alien " à la future mère. Tout de suite, nous nous sommes crus poissards, persuadés que le destin se vengeait des petites fourmis mises au congélateur de notre enfance, mais l'obstétricienne a dit : " tout va bien ", polichinelle est bien dans le tiroir, et pas dans le vide-ordure, tandis que sur le moniteur, un point blanc scintillant adhérait à la matrice. Du coup, j'ai voulu déconner et j'ai dit au médecin, désignant la douzaine de cellules, le morula : " oh ! Il me ressemble ! ", elle est restée sans réaction, comme vêtue d'une combinaison anti-crétins.
Nous ne nous sommes pas emballés. De froids lézards dépourvus d'émotion, capables de manger d'adorables petits chatons sans ciller, en commençant par la tête. Calmes, impassibles, nous n'avons acheté que des petites grenouillères très banales, décorées de poussins des plus neutres, ou bien quelques bonnets moyennement adorable et passablement doux.
A la première, mais quand même seconde, échographie, nous avons découvert sur le radar le point blanc qui avait germé comme une pomme de terre oubliée. Cette créature était ciselée telle un bonsaï d'homme, une sorte de porte-clefs agité, nerveux : un corps long, fin, une chaînette terminée par une grosse boucle dans laquelle on glisse la photo du cerveau. Cet étrangeté rebondissait sur les parois en disant : " oh s'il vous plaît chers petits parents aimés, emballez-vous ! " Nous fumes surpris, car cela bougeait excessivement comme un yoyo, contrairement aux photographies des magazines où c'était figé dans le silence, un peu comme dans 2001 l'Odyssée de l'Espace. Comme il gigotait dans le vacarme des pompes intérieures, nous l'avons surnommé "Gigoto". J'ai dit au médecin, désignant "Gigoto" : " Oh c'est fou comme il me ressemble ! " Les idiots devaient lui pleuvoir dessus comme l'eau sur un imperméable.
Au mois de juillet, nous allions connaître le sexe. A l'entrée de l'immeuble, il y avait inscrit comme nom sur une boite aux lettres : " M. Garçon ". J'ai dit : " C'est un signe ! ". J'avais bien envie d'une fille, en fait, à cause du complexe d'oedipe, des garçons qui assassinent leur père en les traitant de connards, etc. J'avais dit : " on prend pas de risque, on commande une fille ", comme une pizza trois fromages, pas de risque, c'est toujours bien.
L'obstétricienne énumérait machinalement : " Deux bras, deux jambes, des mains. " (je pensais : le zizi ?) Puis elle nous a demandé si on voulait savoir le sexe, et j'ai failli mourir, ça aurait été dommage de pas savoir la fin de l'histoire. Elle a dit " c'est un garçon ", j'ai dit : " vous êtes sûre ? " Elle m'a désigné un zizi, et m'a fait bêtement : " ben oui, ça se voit pas ? " . J'ai failli demander : " est-ce qu'il va me traiter de connard et m'assassiner ? ", mais l'image de Gigoto n'était pas très précise sur l'écran. Alors j'ai fanfaronné, devant ces ondes sonores, j'ai dit d'un air absolument complice : " pour sûr, il me ressemble ! ", l'échographe a pris une mine fatiguée qui semblaient signifier : ces pères, il faudrait tous les buter, leur arracher le tête, les passer au mixeur pour en faire de la pâté pour chiens galeux.
Le 26 novembre 2005, très tôt, vers 3 heures, E. s'est levée pour prendre un bain. C'était la date exacte, à l'heure près. Une montre suisse, cet enfant. Elle a dit : " je crois que c'est le moment. " J'ai mis la tête dans mon coussin et j'ai murmuré : "Téléportation !" Monsieur Spoke, fais moi revenir au vaisseau mère ! Rendez-moi mon enfance ! Donnez-moi des devoirs ! C'était le jour J. Omaha Beach, me voilà.
C'est ici la suite.
lundi 26 novembre 2007
Poli 2.0 : Kéké (1)
Le 26 novembre 2005 était tout neuf comme la nuit, il faisait froid, un froid piquant, je m'endormais avec mon épouse à mes côtés. Elle s'était couché dans le lit qui avait craqué, manquant de le briser en deux, manquant de traverser le sol, les étages au dessous. Elle était énorme, une baleine, un tank, un chalutier, une planète. On était retourné au casino de la vie, et on avait joué banco ; un ou deux mois après, polichinelle avait fait son grand come back dans le tiroir, comme Mireille Mathieu pour sa tournée d'adieu.
Je ne dis plus ma compagne : elle était devenue mon épouse entre temps. Cela avait été une période où nous nous traînions un peu, la vie était un long cours de latin, on en mourrait pas, certes, mais on avait la marque du pull imprimée sur le front. Un soir, nous étions dans la cuisine, j'ai lâché : « oh, tiens, et si on se mariait ? », un peu comme si j'avais dit : « Oh, tiens, et si on faisait un braquage ? » J'avais toujours été contre le mariage, tout comme j'étais contre les braquages. Je me disais, si, dans l'effondrement du monde, dans la déliquescence de notre société, dans la destruction de notre espèce et le chaos, s'il n'y avait qu'une seule vérité, une unique certitude, une ultime conviction qui devait surnager, c'était bien celle ci : je ne me marierai jamais.
Lorsque le maire a demandé : « Souhaitez-vous... bla bla... Pour épouse ? », j'ai dit « oui », et ce connard a répondu : « Pourriez-vous répéter plus fort ? ». Rires dans l'assemblée. ...comme s'il avait été un putain de DJ dans une boite de nuit, à dire : « ça va ? Je ne vous entends pas !!! », pour mettre l'ambiance. Comme un instituteur grisâtre à pull à carreau avec une règle, critiquant mon élocution de timide, il avait fait son petit malin, il m'avait demandé de répéter plus distinctement. Je l'aurais bien pris et renversé sur la table, pour lui fourrer les alliances dans la bouche et lui gueuler dans les narines : « eh ducon, pourquoi tu crois que j'ai mis un costard, pour chercher un emploi de chef de rayon ? »
Nous aimions l'humour noir, malgré tout, et nous avions baptisé le second prototype Poli 2.0.
Contrairement à la V1, je n'ai pas voulu savoir, pas faire le cirque des tests de grossesse. Un matin, elle m'a appelé pour me dire qu'un ami ou un cousin ou le cousin d'un ami faisait un détour par Paris, il fallait qu'on se retrouve au café. Quand je l'ai retrouvée dans la salle non-fumeur, j'ai tout de suite compris, elle avait une tête d'une fille qui va annoncer qu'elle est enceinte. Ça va ? Elle glousse. Tu as passé une bonne matinée ? Elle glousse. Et le cousin de passage ? Elle glousse. Je me suis levé, alors, je me suis isolé aux toilettes. Des cartes postales publicitaires s'affichaient sur le mur, sur le rebord de la fenêtre, des dizaines de brûlures de cigarette. Assis sur la lunette, regardant les dalles rouges et blanches comme des cendres, j'ai pensé : "Ça va m'arriver à moi ! C'est fantastique ! Au secours ! Il va vraiment falloir aller aux réunions des parents d'élèves ? Et moi qui suis censé mourir jeune, comme Jimi Hendrix ou Jésus ?" Je trouvais ça énorme qu'on me demande de perpétuer l'espèce, qu'on me confie les clefs du camion. Il doit y avoir une dysfonctionnement, comme dans Brazil, une mouche est tombée dans la machine à écrire des divines dactylographes.
Puis je suis revenu, et elle a gloussé. Alors, elle m'a offert un paquet bleu contenant un petit pyjama bleu, avec déposé sur le tissu soyeux peuplé d'oursons et de lapins, un test positif bleu.
Lire la suite.
Je ne dis plus ma compagne : elle était devenue mon épouse entre temps. Cela avait été une période où nous nous traînions un peu, la vie était un long cours de latin, on en mourrait pas, certes, mais on avait la marque du pull imprimée sur le front. Un soir, nous étions dans la cuisine, j'ai lâché : « oh, tiens, et si on se mariait ? », un peu comme si j'avais dit : « Oh, tiens, et si on faisait un braquage ? » J'avais toujours été contre le mariage, tout comme j'étais contre les braquages. Je me disais, si, dans l'effondrement du monde, dans la déliquescence de notre société, dans la destruction de notre espèce et le chaos, s'il n'y avait qu'une seule vérité, une unique certitude, une ultime conviction qui devait surnager, c'était bien celle ci : je ne me marierai jamais.
Lorsque le maire a demandé : « Souhaitez-vous... bla bla... Pour épouse ? », j'ai dit « oui », et ce connard a répondu : « Pourriez-vous répéter plus fort ? ». Rires dans l'assemblée. ...comme s'il avait été un putain de DJ dans une boite de nuit, à dire : « ça va ? Je ne vous entends pas !!! », pour mettre l'ambiance. Comme un instituteur grisâtre à pull à carreau avec une règle, critiquant mon élocution de timide, il avait fait son petit malin, il m'avait demandé de répéter plus distinctement. Je l'aurais bien pris et renversé sur la table, pour lui fourrer les alliances dans la bouche et lui gueuler dans les narines : « eh ducon, pourquoi tu crois que j'ai mis un costard, pour chercher un emploi de chef de rayon ? »
Nous aimions l'humour noir, malgré tout, et nous avions baptisé le second prototype Poli 2.0.
Contrairement à la V1, je n'ai pas voulu savoir, pas faire le cirque des tests de grossesse. Un matin, elle m'a appelé pour me dire qu'un ami ou un cousin ou le cousin d'un ami faisait un détour par Paris, il fallait qu'on se retrouve au café. Quand je l'ai retrouvée dans la salle non-fumeur, j'ai tout de suite compris, elle avait une tête d'une fille qui va annoncer qu'elle est enceinte. Ça va ? Elle glousse. Tu as passé une bonne matinée ? Elle glousse. Et le cousin de passage ? Elle glousse. Je me suis levé, alors, je me suis isolé aux toilettes. Des cartes postales publicitaires s'affichaient sur le mur, sur le rebord de la fenêtre, des dizaines de brûlures de cigarette. Assis sur la lunette, regardant les dalles rouges et blanches comme des cendres, j'ai pensé : "Ça va m'arriver à moi ! C'est fantastique ! Au secours ! Il va vraiment falloir aller aux réunions des parents d'élèves ? Et moi qui suis censé mourir jeune, comme Jimi Hendrix ou Jésus ?" Je trouvais ça énorme qu'on me demande de perpétuer l'espèce, qu'on me confie les clefs du camion. Il doit y avoir une dysfonctionnement, comme dans Brazil, une mouche est tombée dans la machine à écrire des divines dactylographes.
Puis je suis revenu, et elle a gloussé. Alors, elle m'a offert un paquet bleu contenant un petit pyjama bleu, avec déposé sur le tissu soyeux peuplé d'oursons et de lapins, un test positif bleu.
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dimanche 25 novembre 2007
Poli 1.0 : Polichinelle
Je farfouillais mon vieil ordinateur portable, ouvrant au hasard quelques fichiers oubliés, m'amusant de ces vieilles données fossiles, comme ces os que l'on exhume et qui permettent de reconstituer un monstre tout entier. Lettres de motivation, de démission. CV, courrier à entête, aux gros paragraphes empruntés, lettres à la banque, au style compassé comme une queue à la Poste. Veuillez agréer, etc.
Je tombais sur un fichier Excel nommé "Poli.xls". Je me souviens de Poli : c'était le petit nom de polichinelle. J'ouvris le fichier, nous étions le 25 novembre ; c'est aujourd'hui, mais je parle au passé, et le passé c'est comme du vieux parquet, c'est la classe. Un calcul sibyllin m'apprit : " Poli arrive dans -1523 jours . A savoir : -217,57 semaines, -50,77 mois, -4,16 ans. " On reconnaît bien le style précis et pince-sans-rire du fichier Excel, humour noir et raide tendance majordome.
Pourquoi des nombres négatifs ? En fait, Poli arrivait le 25 septembre 2003. C'était un petit compte-à-rebours ; quand la date est dépassée, le compte à rebours s'inverse, et part regagner son infini. C'était un compte à rebours pour sa naissance, Poli était son nom de code, comme "Polichinelle dans le tiroir".
Nous avions acheté des tests de grossesses par packs de douze, et nous en faisions compulsivement, comme des types qui se ruinent au Tac-O-Tac, nous regardions dépités le truc ne pas se colorer. Après, nous nous affalions sur la canapé, pour nous punir de télévision, car nous nous sentions aussi minables qu'une publicité pour des éponges. Ca en a pris du temps, pire qu'un dossier pour être naturalisé martien.
Et c'est arrivé, et j'ai bu des bières. Nous ne tenions plus en place, je courais nu dans les rues en plein hiver, avec une cravate noué autour de la tête. C'était comme si j'hébergeais Led Zeppelin au grand complet à la maison, le soir j'aurais joué de la guitare avec Jimmy Page, et lui qui m'aurait dit : " mec, j'aime bien comme tu joues, j'aime ton style, tu veux pas devenir le cinquième membre du groupe ? " Du genre le bonheur de la joie.
Poli était devenu dans nos fantasmes un personnage de légende. Il vivait dans les limbes, avant, il regardait les annonces pour les prochaines existences, et se disait, hochant la tête : " Pas encore. Merde, je suis parfait, il faut que je trouve des gens bien ". Et puis du style Patrick Sabatier, Avis de Recherche, je t'ai trouvé. Je vois une photographie de ma compagne, avec un sourire lumineux, les mains posées sur un ventre un peu plat.
Mais en fait poli n'est pas arrivé. Il s'est perdu en route. Fin décevante pour un personnage attachant.
Ce sont des choses qui arrivent, mais nous étions comme des enfants à qui on a promis un gros camion. On ne comprend pas qu'on nous prive du gros camion, en fin de compte. Jimmy Page qui me dit : " En fait, on va plutôt engager le voisin du dessus, sans rancune, mec". Bêtas gigantesques, aux cœurs d'artichauts sous des serres délirantes. Ma compagne m'a appelé, elle m'a dit ; " je saigne, ce n'est pas normal ". Je lui ai dit, mais si, c'est normal, tout est normal, tout va bien, ça arrive. Ma compagne a passé sa soirée sur Internet, à lire les symptômes, pour extrapoler des choses inquiétantes, d'autres qui affirmaient " mais il est possible que... " et moi de dire, " tu vois ! Pas de soucis, il est possible que... " Puis le lendemain, vers midi, nous nous sommes retrouvé devant la porte de l'immeuble, elle avait une radiographie à la main, et puis rien, je n'eus pas besoin d'un dessin pour comprendre, on s'est compressé dans les bras, comme les voitures d'un César, devant les plantes vertes qui encombraient le hall. Bye bye, Poli, bon retour sur la route 66, dans ta limousine d'illusions, embrasse l'horizon de mes deux de notre part.
Après, l'habitude. Ma compagne a perdu sa voix, dommage pour une chanteuse ; un lundi matin, on est allé à la maternité, pour se faire aspirer le cerveau, tandis que des femmes en chemises de nuit erraient dans les couloirs, harassées, des crevettes à la main. Nous avons repris le travail, et tout a recommencé gentiment ; les néons sur les parois des tunnels du métro, filant à toute allure dans une course obscure et sans but, comme le Tour de France avec des spectres. Manger des steaks, se faire des poêlés de légume. Ma femme a repris la pilule. Rigoler avec des amis, regarder des séries américaines, avec des héros, le mec qui a une lourde histoire cachée enfouie dans son passé, une histoire tellement lourde que ça fait froncer les sourcils mystérieusement ; la femme flic hispanique, le couple de blacks sexy qui écoutent Marvin Gaye en mélangeant leurs muscles, le confident homosexuel, gentil, mais qui meurt avant la fin.
Six mois après, en cours du soir, pendant qu'un professeur parlait d'algorithmes et de machin chose, j'ai eu l'impression de me regarder comme si j'étais un robinet, un gros robinet en inox. Oui, un gros robinet, avec deux grandes oreilles, une rouge, une bleue. Et c'était comme si la Seine s'était glissé par le sol, par le plancher, pour remonter de toutes ses forces par la tuyauterie de mon corps, se heurtant avec une pression insensée à mes yeux fermés. Comme si j'avais gagné le prix Nobel de la nullité. J'ouvre ou non le robinet ? Je n'ai touché à rien, j'ai laissé fermé, l'eau est reparti doucement par mes pieds, j'ai pleuré par le sexe, en allant pisser un coup. Je me disais, oh, j'aurais bien aimé, tout de même.
Je tombais sur un fichier Excel nommé "Poli.xls". Je me souviens de Poli : c'était le petit nom de polichinelle. J'ouvris le fichier, nous étions le 25 novembre ; c'est aujourd'hui, mais je parle au passé, et le passé c'est comme du vieux parquet, c'est la classe. Un calcul sibyllin m'apprit : " Poli arrive dans -1523 jours . A savoir : -217,57 semaines, -50,77 mois, -4,16 ans. " On reconnaît bien le style précis et pince-sans-rire du fichier Excel, humour noir et raide tendance majordome.
Pourquoi des nombres négatifs ? En fait, Poli arrivait le 25 septembre 2003. C'était un petit compte-à-rebours ; quand la date est dépassée, le compte à rebours s'inverse, et part regagner son infini. C'était un compte à rebours pour sa naissance, Poli était son nom de code, comme "Polichinelle dans le tiroir".
Nous avions acheté des tests de grossesses par packs de douze, et nous en faisions compulsivement, comme des types qui se ruinent au Tac-O-Tac, nous regardions dépités le truc ne pas se colorer. Après, nous nous affalions sur la canapé, pour nous punir de télévision, car nous nous sentions aussi minables qu'une publicité pour des éponges. Ca en a pris du temps, pire qu'un dossier pour être naturalisé martien.
Et c'est arrivé, et j'ai bu des bières. Nous ne tenions plus en place, je courais nu dans les rues en plein hiver, avec une cravate noué autour de la tête. C'était comme si j'hébergeais Led Zeppelin au grand complet à la maison, le soir j'aurais joué de la guitare avec Jimmy Page, et lui qui m'aurait dit : " mec, j'aime bien comme tu joues, j'aime ton style, tu veux pas devenir le cinquième membre du groupe ? " Du genre le bonheur de la joie.
Poli était devenu dans nos fantasmes un personnage de légende. Il vivait dans les limbes, avant, il regardait les annonces pour les prochaines existences, et se disait, hochant la tête : " Pas encore. Merde, je suis parfait, il faut que je trouve des gens bien ". Et puis du style Patrick Sabatier, Avis de Recherche, je t'ai trouvé. Je vois une photographie de ma compagne, avec un sourire lumineux, les mains posées sur un ventre un peu plat.
Mais en fait poli n'est pas arrivé. Il s'est perdu en route. Fin décevante pour un personnage attachant.
Ce sont des choses qui arrivent, mais nous étions comme des enfants à qui on a promis un gros camion. On ne comprend pas qu'on nous prive du gros camion, en fin de compte. Jimmy Page qui me dit : " En fait, on va plutôt engager le voisin du dessus, sans rancune, mec". Bêtas gigantesques, aux cœurs d'artichauts sous des serres délirantes. Ma compagne m'a appelé, elle m'a dit ; " je saigne, ce n'est pas normal ". Je lui ai dit, mais si, c'est normal, tout est normal, tout va bien, ça arrive. Ma compagne a passé sa soirée sur Internet, à lire les symptômes, pour extrapoler des choses inquiétantes, d'autres qui affirmaient " mais il est possible que... " et moi de dire, " tu vois ! Pas de soucis, il est possible que... " Puis le lendemain, vers midi, nous nous sommes retrouvé devant la porte de l'immeuble, elle avait une radiographie à la main, et puis rien, je n'eus pas besoin d'un dessin pour comprendre, on s'est compressé dans les bras, comme les voitures d'un César, devant les plantes vertes qui encombraient le hall. Bye bye, Poli, bon retour sur la route 66, dans ta limousine d'illusions, embrasse l'horizon de mes deux de notre part.
Après, l'habitude. Ma compagne a perdu sa voix, dommage pour une chanteuse ; un lundi matin, on est allé à la maternité, pour se faire aspirer le cerveau, tandis que des femmes en chemises de nuit erraient dans les couloirs, harassées, des crevettes à la main. Nous avons repris le travail, et tout a recommencé gentiment ; les néons sur les parois des tunnels du métro, filant à toute allure dans une course obscure et sans but, comme le Tour de France avec des spectres. Manger des steaks, se faire des poêlés de légume. Ma femme a repris la pilule. Rigoler avec des amis, regarder des séries américaines, avec des héros, le mec qui a une lourde histoire cachée enfouie dans son passé, une histoire tellement lourde que ça fait froncer les sourcils mystérieusement ; la femme flic hispanique, le couple de blacks sexy qui écoutent Marvin Gaye en mélangeant leurs muscles, le confident homosexuel, gentil, mais qui meurt avant la fin.
Six mois après, en cours du soir, pendant qu'un professeur parlait d'algorithmes et de machin chose, j'ai eu l'impression de me regarder comme si j'étais un robinet, un gros robinet en inox. Oui, un gros robinet, avec deux grandes oreilles, une rouge, une bleue. Et c'était comme si la Seine s'était glissé par le sol, par le plancher, pour remonter de toutes ses forces par la tuyauterie de mon corps, se heurtant avec une pression insensée à mes yeux fermés. Comme si j'avais gagné le prix Nobel de la nullité. J'ouvre ou non le robinet ? Je n'ai touché à rien, j'ai laissé fermé, l'eau est reparti doucement par mes pieds, j'ai pleuré par le sexe, en allant pisser un coup. Je me disais, oh, j'aurais bien aimé, tout de même.
samedi 24 novembre 2007
Communication digitale, zéro
La vie offre parfois des moments de honte tel que l'idée de vivre au fond d'un abris nucléaire, avec des boites de flageolets, ou dans une cabane oubliée sur la montagne en mangeant des baies paraît alors une alternative tout à fait engageante.
Pour mieux saisir cette histoire, il faut la replacer dans son contexte. A l'époque, il y avait un service client dans mon entreprise, tenu artisanalement par des jeunes filles à peine sortie du lycée, qui mâchaient, le casque téléphonique sur la tête, des gros chewing-gums roses et en faisaient des bulles. L'une de ces bulles, la bulle Internet, éclata dans l'air, avec plein de gens dedans. A partir de là, et tous les six mois, des plans sociaux renvoyèrent quelques jeunes Rastignac dans leur Bretagne natale, dans une ambiance de Star Academy un peu ulcérante. Les survivants, comme moi, tachaient de se faire petits comme des playmobils, de ne pas péter, de porter des couches pour ne pas aller aux toilettes, d'éviter de montrer son sexe au Président Directeur Général, ivre le jour d'un cent-douzième pot de départ. Des réunions générales étaient vite organisées, devant des employés debout aussi joyeux que des poulets de batterie. On prononçait des discours fédérateurs, tandis qu'en coulisse, le prochain licenciement s'organisait prestement, délai étroit oblige.
Comme on le sait, il n'y a rien de tel qu'un bon licenciement économique pour recruter d'autres personnes juste après, des cadres bien habillés, et mieux payés que ceux d'avant. C'était naturel, avec les économies qu'on faisait, on pouvait se le permettre. Au Service Client, il fut donc décrété la fin de la république autogérée des filles, il arriva enfin quelqu'un de sérieux, un homme. C'était un jeune cadre dynamique, il portait une cravate, sauf le vendredi bien sûr, "Friday Wear" oblige. il articulait quand il parlait, blond, le nez pointu, une tête de fouine.
Tout de suite, il organisa, il planifia, il installa des " procédures ", il fit des " schémas ", et afficha sur les murs des sentences et des consignes en gros caractères. Puis il se ficha derrière son ordinateur, et tapota, dans son coin. Au bout de quelques semaines, ses subordonnées commencèrent à s'interroger sur l'apport effectif de leur responsable dans leur labeur, ainsi que sur toutes ces inconnues qui cherchaient à le joindre au téléphone. Certaines interlocutrices se montraient très coquines, malicieuses, voire franchement explicites. Pas très comptabilité-fournisseur, tout ça. Parfois, quand il revenait de déjeuner, il trouvait sur un post-it des messages notés scrupuleusement par la standardiste, du genre " Tigra a hâte de se faire dresser par le bambou " ou " La vampire a les crocs, tarzan75 ".
Un certain malaise s'installa. Une enquête fut discrètement ordonnée, un stagiaire informatique option KGB se fit une joie de monitorer son ordinateur. Il s'avéra alors que le jeune homme passait l'essentiel de son temps sur des sites de rencontres en pleine expansion, sites de charme, érotiques, échangistes, amateur cochon zootruc, etc. Sans se démonter, digne, le jeune cadre dynamique fit face, organisa une réunion avec ses jeunes amazones. Quelque part, il fit preuve d'un certain courage, mais il sentit vite une atmosphère à se retrouver ficelé dans un coffre de voiture, le pénis coupé dans la bouche. La confiance ne régnait plus, en somme. Il disparut du jour au lendemain.
***
C'est dans cette ambiance de rigolade que j'entre en scène. Je travaillais dans un coin, je répondais à des mails toute la journée, les yeux rivés sur " Outlook Express ". Des centaines de mails, des centaines de centaines, mon adresse directe étant proposée brutalement, en clair, sur des sites marchands.
Un lundi matin, j'étais fatigué, je répondais à un client grec, paf, j'appuyais sur mail suivant. Je tombais sur un problème insoluble, paf j'effaçais le mail, mail suivant. Une jeune employée arriva alors pour me poser une question. C'était une toute petite personne, Mimi Geignarde, excessivement bavarde. Du genre à raconter des détails croustillants à toute l'entreprise. Et elle venait droit vers moi.
La sentant arriver, j'envoyai machinalement le message en cours, j'appuyai sur message suivant et je pivotai ma chaise vers elle, attentif. Elle commença alors à m'interroger, toute petite, avec ses lunettes et son petit cahier ; je l'écoutais bras croisés, lorsque son regard fut attiré par mon écran. Elle fit une bouche toute ronde, des yeux exorbités d'horreur, et s'interrompit pour fuir. Je tournai quant à moi ma tête vers mon ordinateur et je découvris une spectacle fort incongru en plein écran, d'une obscénité grandiloquente et animée, une femme les jambes écartées, des messieurs tout autour et de fort bonne humeur.
L'infamante mésaventure avait une explication scientifique : le message suivant dont j'avais lancé l'affichage était un spam plus vicieux que de coutume. Il contenait un script provoquant l'ouverture d'une fenêtre en plein écran, publicité fort percutante. Mais allez expliquer ça à des jeunes filles à lunettes, hein. Sur le champ, je me précipitai vers ma collègue afin de sauver ma réputation dans ce coupe-gorge. Elle m'écoutait avec un air de sphinx, la bouche pincée. "Je peux tout expliquer, dis-je d'un rire faussement détendu..." Et je me lançai dans des théories sur les javascript, la publicité non sollicitée, que je subissais sans me plaindre dans la solitude de mon bureau bien caché. Autant chanter Carmen à un caillou.
Quelques heures après, tel un Jacques Chirac, je tentai de me sortir de cette affaire (nous mangions tous ensembles, dans une cantine). Discret d'habitude, j'abordais le sujet de plein front, en insistant bien sur le côté cocasse, plaisantant, me tapant le genou. La collègue disait : ouais, ouais. Puis, l'après-midi, je fis moi-même le tour des services, dissertant au passage sur ce bon moment dont j'étais le héros.
La jeune fille, comme beaucoup d'autres, fut licenciée quelques mois plus tard ; elle regagna sa Bretagne natale.
Musique : "www.com", Arthur H. (mais je ne l'ai trouvé nulle part, ben tant pis)
Pour mieux saisir cette histoire, il faut la replacer dans son contexte. A l'époque, il y avait un service client dans mon entreprise, tenu artisanalement par des jeunes filles à peine sortie du lycée, qui mâchaient, le casque téléphonique sur la tête, des gros chewing-gums roses et en faisaient des bulles. L'une de ces bulles, la bulle Internet, éclata dans l'air, avec plein de gens dedans. A partir de là, et tous les six mois, des plans sociaux renvoyèrent quelques jeunes Rastignac dans leur Bretagne natale, dans une ambiance de Star Academy un peu ulcérante. Les survivants, comme moi, tachaient de se faire petits comme des playmobils, de ne pas péter, de porter des couches pour ne pas aller aux toilettes, d'éviter de montrer son sexe au Président Directeur Général, ivre le jour d'un cent-douzième pot de départ. Des réunions générales étaient vite organisées, devant des employés debout aussi joyeux que des poulets de batterie. On prononçait des discours fédérateurs, tandis qu'en coulisse, le prochain licenciement s'organisait prestement, délai étroit oblige.
Comme on le sait, il n'y a rien de tel qu'un bon licenciement économique pour recruter d'autres personnes juste après, des cadres bien habillés, et mieux payés que ceux d'avant. C'était naturel, avec les économies qu'on faisait, on pouvait se le permettre. Au Service Client, il fut donc décrété la fin de la république autogérée des filles, il arriva enfin quelqu'un de sérieux, un homme. C'était un jeune cadre dynamique, il portait une cravate, sauf le vendredi bien sûr, "Friday Wear" oblige. il articulait quand il parlait, blond, le nez pointu, une tête de fouine.
Tout de suite, il organisa, il planifia, il installa des " procédures ", il fit des " schémas ", et afficha sur les murs des sentences et des consignes en gros caractères. Puis il se ficha derrière son ordinateur, et tapota, dans son coin. Au bout de quelques semaines, ses subordonnées commencèrent à s'interroger sur l'apport effectif de leur responsable dans leur labeur, ainsi que sur toutes ces inconnues qui cherchaient à le joindre au téléphone. Certaines interlocutrices se montraient très coquines, malicieuses, voire franchement explicites. Pas très comptabilité-fournisseur, tout ça. Parfois, quand il revenait de déjeuner, il trouvait sur un post-it des messages notés scrupuleusement par la standardiste, du genre " Tigra a hâte de se faire dresser par le bambou " ou " La vampire a les crocs, tarzan75 ".
Un certain malaise s'installa. Une enquête fut discrètement ordonnée, un stagiaire informatique option KGB se fit une joie de monitorer son ordinateur. Il s'avéra alors que le jeune homme passait l'essentiel de son temps sur des sites de rencontres en pleine expansion, sites de charme, érotiques, échangistes, amateur cochon zootruc, etc. Sans se démonter, digne, le jeune cadre dynamique fit face, organisa une réunion avec ses jeunes amazones. Quelque part, il fit preuve d'un certain courage, mais il sentit vite une atmosphère à se retrouver ficelé dans un coffre de voiture, le pénis coupé dans la bouche. La confiance ne régnait plus, en somme. Il disparut du jour au lendemain.
***
C'est dans cette ambiance de rigolade que j'entre en scène. Je travaillais dans un coin, je répondais à des mails toute la journée, les yeux rivés sur " Outlook Express ". Des centaines de mails, des centaines de centaines, mon adresse directe étant proposée brutalement, en clair, sur des sites marchands.
Un lundi matin, j'étais fatigué, je répondais à un client grec, paf, j'appuyais sur mail suivant. Je tombais sur un problème insoluble, paf j'effaçais le mail, mail suivant. Une jeune employée arriva alors pour me poser une question. C'était une toute petite personne, Mimi Geignarde, excessivement bavarde. Du genre à raconter des détails croustillants à toute l'entreprise. Et elle venait droit vers moi.
La sentant arriver, j'envoyai machinalement le message en cours, j'appuyai sur message suivant et je pivotai ma chaise vers elle, attentif. Elle commença alors à m'interroger, toute petite, avec ses lunettes et son petit cahier ; je l'écoutais bras croisés, lorsque son regard fut attiré par mon écran. Elle fit une bouche toute ronde, des yeux exorbités d'horreur, et s'interrompit pour fuir. Je tournai quant à moi ma tête vers mon ordinateur et je découvris une spectacle fort incongru en plein écran, d'une obscénité grandiloquente et animée, une femme les jambes écartées, des messieurs tout autour et de fort bonne humeur.
L'infamante mésaventure avait une explication scientifique : le message suivant dont j'avais lancé l'affichage était un spam plus vicieux que de coutume. Il contenait un script provoquant l'ouverture d'une fenêtre en plein écran, publicité fort percutante. Mais allez expliquer ça à des jeunes filles à lunettes, hein. Sur le champ, je me précipitai vers ma collègue afin de sauver ma réputation dans ce coupe-gorge. Elle m'écoutait avec un air de sphinx, la bouche pincée. "Je peux tout expliquer, dis-je d'un rire faussement détendu..." Et je me lançai dans des théories sur les javascript, la publicité non sollicitée, que je subissais sans me plaindre dans la solitude de mon bureau bien caché. Autant chanter Carmen à un caillou.
Quelques heures après, tel un Jacques Chirac, je tentai de me sortir de cette affaire (nous mangions tous ensembles, dans une cantine). Discret d'habitude, j'abordais le sujet de plein front, en insistant bien sur le côté cocasse, plaisantant, me tapant le genou. La collègue disait : ouais, ouais. Puis, l'après-midi, je fis moi-même le tour des services, dissertant au passage sur ce bon moment dont j'étais le héros.
La jeune fille, comme beaucoup d'autres, fut licenciée quelques mois plus tard ; elle regagna sa Bretagne natale.
Musique : "www.com", Arthur H. (mais je ne l'ai trouvé nulle part, ben tant pis)
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