Un homme dans un costume raide et noir, très élégant, sort d'un bel immeuble. A sa main, il porte deux grandes valises. Ce sont deux lourds bagages, identiques, massifs, sombres, au plastique brillant comme deux blocs de quartz. Il longe la rue d'un pas pressé, les jambes martelées par son symétrique chargement. Le voleur devine l'inconnu, de loin, il voit son teint blanc, et se représente la fortune qui l'étouffe sans doute, les billets de banque, innombrables, rembourrant les coussins et les édredons, les grosses coupures sales d'avoir navigué dans une multitude de mains.
Sans doute un voyage vers la Suisse au bout de ces pas si pressés ? Un discret bureau de banquier, des coffres forts ? Comptes Offshore ? L'homme en noir, au costume raide, avec ses mallettes et ses souliers trop neufs qui font un bruit de porte, se dépêche.
Le voleur s'approche. Le convoyeur devant lui est vêtu comme un lord étriqué ; ces hommes d'affaires ressemblent à des croque-morts, pense-t-il. Un fossoyeur de mauvais goût, trop élégant, trop grand, trop propre. Argenterie ? Vêtements de marque ? Obligations ? Réveils Matins ? Liasses finement attachées ?
Comme il se rapproche, il distingue parfaitement le couinement des chaussures neuves. Caricature élégante, le passant affairé est plus semblable au majordome, au fond. Celui-ci se retourne, apostrophé. Il tente de raisonner le voleur, mais sa plainte est risible. Vous comprenez, ça ne se fait pas. Ce n'est pas respectable. Vous allez le regretter ! Quelle comédie !
Le voleur s'enfuie à présent. Il détale, mais pas tant que ça. Ces valises sont bien lourdes tout de même.
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