Les marchands de cartes postales, comme sortis des catacombes, poussent leur chariot d’images, fumant sur les trottoirs déserts. Dans les boutiques compactes, d’absurdes casquettes touristiques rendent profondément mélancoliques ceux qui les portent, et ceux qui les regardent. La butte semble à peine surgie de terre, avec ses parois humides et fraîches, zébrées de lierre, paisible dôme dallé de labyrinthes inclinés où j’erre comme un laborieux Minotaure. Un manège s’est recroquevillé au bas de la colline, fête délavée. Tel un hérisson lugubre il menace ; abattoir silencieux pour les chevaux de bois. On accélère le pas, on est en retard. Des talons claquent toujours, d’énigmatiques demoiselles disparaissent comme des mondes éclipsés.
La pluie alors m’enlace élégamment, tournoie, ambiance feutrée d’un bal de débutantes. Lentement, je sombre vers le ciel, trempé, de plus en plus semblable aux éponges nuageuses charriées par les courants célestes. Un commerçant solitaire s’est extirpé de son échoppe, sa vitrine est un kaléidoscope de monuments et d’assiettes sérigraphiées ; dans le vent battant, il répète aux rares promeneurs : « Parapluie, parapluie, parapluie. »
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