En tout cas je ne sais pas si c'est psychologique, mais j'ai deviné la pourriture se répandre au moins un, atténuée, suave. Je me suis dit, sirotant mon café instantané (et tout bas car je n'ai pas osé tenté cette généralité dans la vraie vie), voilà, c'est ça, une activité salariée et la folie furieuse de notre bref monde : une odeur indécelable de chat crevé sous le plancher aspiré tous les soirs, qui vous pousse à ouvrir des blogs de poèmes.
Des gens du moins deux sont partis prendre une pause, car l'odeur n'était pas engageante. J'ai éprouvé de la compassion pour cet étrange, curieux, désespéré animal, qui est allé se foutre sous le plancher du moins deux, pour y agonir. Je ne sais pas si dans son périple cocasse il a été dérangé par l'odeur des laborieux salariés, au dessus, ou si la fonction d’imperméabilité du sol était bilatérale, provoquant ainsi une sorte de misère compartimentée, parallèle, chacun se corrompant dans son espace dédié.
Les murs sont étranges, c'est pour ça que je ne suis pas bricoleur, du tout. J'envie parfois les bricoleurs, mon beau-frère par exemple, pour qui le mur est un mur, qui n'a pas de secret, qui est une paroi, qui se perce, se troue, qui se détruit, et se remplace, avec genre du Placoplatre (rien que le terme, semblable à Cléopâtre, évoque des mystères et des malédictions). Pour moi, les murs cachent des tuyaux, des fils invisibles, d'inavouables secrets, des momies, des corps disparus. Percer un mur, c'est risquer d'atteindre sans faire exprès la colonne d'eau, et voir sa pièce inondée en cinq minutes. Ou bien des fils électriques, et mourir perceuse à la main comme Ted Bundy.
Mes vacances sont finies, c'est sinistre, et je travaille toujours au moins un. A mon retour, comme les toilettes étaient toutes occupées, je suis allé dans le WC des femmes. Pour me punir de ce blasphème hygiéniste, la serrure s'est bloquée, et je suis un peu resté coincé dans le moins un silencieux. Pas longtemps, mais tout de même, je me suis imaginé devenir, après le chat du moins deux, l'homme du moins un, et cette funeste perspective m'a motivé à débloquer virilement la porte, pour m'éclipser enfin de mon sous-sol quotidien.