Au square, un matin : deux petites filles viennent de monter sur une balancelle, face à face. Elles tanguent mollement, l'air absorbé, sérieux. Le père arrive quelques instants plus tard. Motivé, énergique, il leur dit : "Eh bien, ça balance pas beaucoup là !" Les petites filles se mettent alors à se balancer avec une consciencieuse frénésie, toujours sérieuses, comme sur ces drôles appareils que conduisent les Dalton, et qui roulent sur les rails, dans les bandes dessinées du far-west. Le père s'assoit en face d'elles, sur un banc, satisfait. On s'amuse, à fond, on est là pour ça, on ne perd pas de temps, la vie est courte.
E. me fait un clin d'oeil et murmure, désignant le papa dynamique : "Faut être efficace, hein !".
Je me demande alors si ces véhicules ont vraiment existé. Je veux dire, ces machins à manivelle, des Dalton dessus, en train de filer droit sur des miles interminables, avec en fond, des cactus, quelques canyons.
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Je découvre, via Griffonages, un nouveau concept : le réseau social pour les morts. Il s'agit d'un site qui référence les utilisateurs de myspace... morts. Cela s'appelle évidemment mydeathspace, et c'est à la fois intrigant, lugubre, d'un mauvais goût certain (enfin, disons qu'on l'impression d'y manger de la cendre, d'où le mauvais goût). On y trouve une liste de gens, les circonstances de leur décès, et un lien vers leur "blog" sur myspace, plus trop à jour, pour le coup.
J'en parle ici, car j'ai trouvé cette lecture fort inconfortable, et généreux comme je suis, je me suis dit que c'était dommage de ne pas partager. Allez, venez grincer avec moi devant ce cocktail de jeunes gens insouciants avec leur fond d'écran craignos, leur goût musicaux bizarres, leurs photos de camarades contents, ces têtes de braves étudiants aux joues rondes, tout ça résumé par une sorte de rapport de police froid comme un buffet. Machin, 17 ans, il a été très courageux face au cancer, et forcé l'admiration de son entourage. Machine, poignardée, dispute sur le campus. Bidule, noyé. Trucmuche, accident de voiture. Tartempion, accident de voiture.
Devant cette brutalité circonspecte, j'ai retrouvé un peu de ces inspirations mystiques que l'on éprouve enfant, en regardant les étoiles : "Rhoo mais que c'est grand tout ça, l'infinité, l'espace, le temps, l'univers, la mer, et moi en pyjama, qui suis-je, etc." On méditait, écrabouillé par la vision d'un spectacle macroscopique, se rendant compte de sa propre petitesse.
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Soudain j'ai eu envie d'un appareil à manivelle pour traverser un grand désert dans le far-west. Un grand machin que l'on anime avec les bras, et qui file droit devant, jusqu'au soir ou l'on s'endort, exténué.
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