Nous arrivons pour la messe de mariage. Kéké est habillé comme un petit prince en chocolat. L'église l'impressionne. Il regarde les vitraux, et dit d'un air tendu : "lampe ? gros !" Il s'agite, remue, fait l'anguille dans mes bras, il veut s'enfuir. Je reste au fond du saint lieu, à faire du catch ; dans un silence endimanché nous produisons des bruits de lutte, des bancs tombent, des chaises grincent, les gens se retournent. Il faudrait lui faire une clef de bras, pour le maîtriser, lui passer des menottes.
Les mariés rentrent, sous une musique technoïde, semblable à un générique d'émission télé.
Nous nous éclipsons, avant que les mariés ne gagnent l'autel. Voilà retrouvés l'air vif, les collines vertes et violettes du Beaujolais quelques jours avant les vendanges. Le petit village en pierres dorées est mignon comme un Disney land viticole. En costume, nous cheminons à travers des vignes. Kéké crie d'un air ravi : "marcher ! marcher !" Puis, battant ses petits bras comme un canard déplumé il traverse des pelouses et franchi des monticules.
Plus tard, épuisé, Kéké s'endort dans la poussette. Les mariés sortent juste, nous nous collons à la cohue, pour apercevoir quelques pétales voltiger sur les marches, tandis que des dames pleurent. Dans cette agitation, je ne comprends pas grand chose. Je vois une grosse Mercedes noire de location, pour les mariés, des gros costumes, des gros chapeaux, un gros curé.
Nous arrivons pour le vin d'honneur. Kéké est toujours endormi dans son siège, à l'arrière de la voiture. Je reste avec lui, nous sommes garés au bord de la route ; c'est l'affaire de dix minutes, kéké a horreur de dormir assis. Deux heures plus tard, il n'est toujours pas réveillé. J'aperçois la nuit tomber, des chapeaux. E. m'apporte à deux reprises des verres de kir. Pour me distraire, une sélection du Reader's Digest : un livre contenant des cartes routières. Je le parcours et fait des rêves d'autoroute, de départements inconnus et d'échangeurs.
E. me propose de surveiller kéké à son tour, et bout d'un moment, je cède, et rejoins le vin d'honneur. Je ne connais pas grand monde. Je suis le mari d'E., qui fait un métier cérébral, qui n'est pas allé à l'église pour son propre mariage. Je reste comme un gland avec un verre à la main. Pour me donner contenance, je me met à observer un mur, l'air absorbé et concentré du muromane tombé sur une pièce rare.
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