Demain, je pars à Lyon, pour quatre jours, un mariage en (belle) famille. Ah les giga-réunions de famille ! Les repas copieux, le vin, et tous ces sans-papiers-pédophiles-détenteurs-d'un-chien-dangereux qui vont avoir les oreilles qui sifflent ! Organisons une battue ! Coupons leur la tête ! Et ces pauvres qui profitent des riches, et ces riches qui exploitent les pauvres, et tous ces fainéants, ces nantis, ces gens qu'on voit chez Julien Courbet. Ces métiers disparus (sabotier, rémouleur, etc.). Ca va dénoncer dur.
Mais aussi ces moments impromptus échangés avec un improbable cousin, à la lueur de l'alcool. Cette tante vieillissante et attendrie, qui n'a pas d'enfants, mais un caniche presque aveugle.
Cet oncle taiseux, gris sous sa casquette, cette inconnue orange de maquillage, ployant sous les bijoux. Cet adolescent à la moue dégoûtée, comme si son existence avait l'aspect et la saevur du pâté pour chat.
L'ami de la famille, qui erre là par hasard, un peu chauve, avec une chemise repassée et raide, guettant éperdument les filles célibataires. Le moustachu blagueur qui éclate de rire le premier, et vous regarde dans les yeux pour vous forcer à rire, aussi.
S'excuser de ne pas être propriétaire de son appartement, s'extasier devant le jeune cousin qui l'est, lui, et qui a la tête sur les épaules, et un métier dans les mains.
Je m'égare : le sujet d'aujourd'hui est mon caleçon de bain. C'est E. qui me l'a suggéré : nous discutions hier de choses et d'autres, et je lui racontais comment j'aimerais conserver dans ce blog quelques moments rigolos de notre quotidien, comme - je l'ai dit - des plantes dans un herbier.
Ce matin, donc, elle me lance : "Tu as noté l'histoire du caleçon ?
- Ooff, c'est pas très intéressant, je vais pas surcharger l'internet de quelques octets supplémentaires avec cette histoire insignifiante."
Allons bon. Je vais donc vous narrer l'histoire édifiante mais néanmoins brève de moi en caleçon de bain cet été.
Nous avions eu une chance incroyable : le seul week-end de l'été avec du soleil, nous avions réservé une chambre dans un hôtel avec une piscine, près de la forêt de fontainebleau, histoire de nous féliciter pour notre déménagement épique.
Il a fallu que je m'achète un maillot de bain : le vendredi, je suis allé au Gigathlon pour me dégoter un truc. Dans un rayon bleu pas cher, des machins sont entassée en vrac, froissés, pire que dans mon placard ; des caleçons de bain à 5 euros ! Moi qui suis une sorte de Laure Manoudou en négatif, je me dis, oh, ça va bien faire les 25 prochaines années, ce superbe caleçon noir, à raison de trois immersions par an (en comptant le passage à la machine à laver).
Je regarde la taille : l'information indiquée est "1m75". Je mesure 1m83. Je me dis : "Ça va aller. Je ne suis pas non plus Sébastien Chabal".
Quelle bonne affaire ! En plus, il est noir ce caleçon, comme l'ombre, comme Dark Vador, comme Mister Black dans "Reservoir Dogs".
Plus tard, devant la piscine. Je l'enfile, c'est étroit, ça coince, et je suis plus moulé que Spiderman dans une boite de nuit du Marais. Chaque pas ruine les chances de faire un petit frère à Kéké. Comme par hasard, des gens beaux, à l'aise, sportifs se meuvent avec aisance au bord de la piscine, me lançant des "saluts" sympathiques, tandis que je cherche un trou derrière un bosquet pour finir ma vie.
E. me découvre avec effroi. Elle regarde l'étiquette : "C'est du 14 ans ! Tu as pris du 14 ans !".
Puis secoue la tête et poursuit: "Le temps passe, tu sais. Irrémédiablement. La jeunesse s'enfuit, etc. Qu'est-ce que tu veux prouver, en portant du 14 ans ?"
Le soir, c'est la détente, je me déshabille. J'ai... comment dire... la peau grillagée, j'ai de la compote intime.
Voilà, c'était l'histoire du caleçon noir, de cet été.
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