mercredi 11 juin 2008

Louise Labbé attend un vieillard emmitouflé dans une énorme combinaison étanche avec un chapeau

J’étais justement en train de me dire : « je crois que je me suis un peu éloigné des blogs en ce moment. » Je ne publiais pas grand-chose. Du travail, des répétitions musicales, des questions sur ce support, sur mes limitations, une baisse de régime niveau idées. Un vieux doute, celui de faire tous les jours les mêmes billets, une fois sur mon fils, une fois le billet rigolo, puis le billet émouvant avec un chien qui meurt, avec au bout de tout ça, quoi, juste un prix Nobel de Littérature, et après ? Le succès, la gloire, une poste haut placé chez Wikio, et après ? L’alcool, l’orgie, l’achat de nombreuses voitures puissantes et après ?

Cette baisse de régime, cet éloignement, je les voyais comme un moyen de continuer en douce. Gagner une tranquillité d’esprit, moins bloguer, moins m’acharner, m’assoir sur le fauteuil de l'oubli ou regarder le foot, et discrètement, et une fois tout calmé, dans un mois ou deux ou jamais, prétendre à nouveau. Candidater au beau billet. C’est intéressant aussi, se dire : je me suis pressé comme un tout petit citron, il en est sorti une dizaine de billets dont je suis très fier. Des choses que je n’aurais tout simplement pas faites sans ce blog. Mieux que rien. Prix Nobel.

Après, je me retrouve – volontairement, et pour me justifier – dans une polémique (là je suis censé mettre des liens, joker). Je n’aime pas les polémiques. Cela m’empêche de bloguer. Cela m’empêche de finir ma salade à midi. C’est ahurissant quand on connait mon amour pour la salade de gésier. Quand mon fils me demande comment s’appelle le ballon en mousse, je mets une minute pour dire la réponse, pourtant évidente : « Fred. »

Je ne dis pas ça pour me poser en victime, même si, on l'aura compris, je vis ça comme une désillusion, je dis juste qu’une réponse virulente de ma part est impossible. Ça me saoule, je ne vois pas comment enchainer après sur les billets qui fermentent dans mes brouillons. C’est autre chose qu’une histoire de bisounours.

Là, j’imagine que ça se calme. J’ai quand même pu expliquer que je ne suis pas un maboule sans conscience, et je ne prends plus ceci comme un bombardement intime, mais une péripétie supplémentaire de la vie des blogs. Depuis une heure, j’en rigole. Mon grand je me dis, des gens que tu aimes bien, et qui t’aimaient bien, ont cru que tu mettais des mots clefs pédophiles, man. Pour être connu, man. C’est le dentiste toute la journée, man. C’est la gastro sans rien qui sort, man. C’est le grand moment où toute unanimité devient impossible, où tu sors, tu te montres, et on te trouve moche, man. C’est le moment lyrique où les cent-vingt secondes d’inconscience, d’absence, où tu dérapes, tu les payes cash. Man. Tant pis ! Un tant pis d’une tonne. Un tant pis au cube. Ceci m’a permis une chose. Comprendre ce que vit Britney Spears (absolument habillée, pour le coup).

La lanterne magique

Quand l'étincelle a disparu, dans cette lanterne magique qu'est la tête, le film du monde est laid. On regarde le soleil qui s'y...