mardi 10 juillet 2007

Pigeons, verdure, hamburger et cosmos

Repas pris dans le square Louis XVI, sous la pluie incessante. Je regarde les hauts balcons qui donnent sur cette verdure en plein Paris, me disant que de tels appartements doivent coûter un rein tous les mois. Deux enfants blonds, deux frères, en anorak malgré juillet, tournent autour de l'herbe, avec chacun un ballon McDonald dans la main. Le plus grand, dans les cinq ans, crie "Attaquer les pigeons ! ", le plus petit, toujours derrière, répète maladroitement :"Taquer piyons !" Quand ils courent, le plus jeune se fait distancer, mais il continue à rire, les pigeons déjà envolés.

Ce spectacle est objectivement charmant et devrait m'inspirer la sérénité et la bonne humeur, pourtant il me plonge dans un état de cafard absolu, parmi mes frittes, mon sac à dos, les moineaux qui me dévisagent comme si j'étais un écran plat. Si je me laisse aller à ces réflexions bizarres, j'entends le discours saturnien des années qui s'enfuient, du monde qui s'effondre, des souvenirs qui s'effacent, de la perte et de la séparation, de la futilité de tout projet humain. Ceci accentué par le fait que mon Kéké est aussi un petit blondinet, qui grandit tandis que je partage mon temps à travailler et dormir, et me serrer parmi des joueurs de sudoku dans les transports souterrains. Sur ce, je termine mon deuxième hamburger, celui qui est offert grâce à ma carte entreprise, et je dépose mon emballage de fastfood dans la poubelle, comme Dieu créant un monde pour l'abandonner dans l'espace.

La lanterne magique

Quand l'étincelle a disparu, dans cette lanterne magique qu'est la tête, le film du monde est laid. On regarde le soleil qui s'y...