samedi 24 mai 2008

Oh!91 perdu en mer

Tu te demandes ce que je fais au milieu de l’océan, agrippé à un morceau de bois. J’ai fait naufrage, et je dérive, seul, dans l’immensité bleue et liquide. Porté par les vagues, j’essaye de garder espoir. Je sais, j’aime l’eau, mais là, c’est vraiment un peu trop pour un seul homme.

Soudain, j’entends une détonation dans les profondeurs, et une grande gerbe d’écume jaillit non loin de moi. Des morceaux de métal apparaissent tout autour, je crois reconnaître sur un des débris le nom d’un bâtiment russe. Je ne me trompe pas. Une centaine de marins, torses nus, surgissent à la surface, coiffés de leur pompon. Leur sous-marin vient de faire naufrage. Quelle surprise ! Stupéfaction.

Heureux que ma solitude soit enfin dissipée, je tente habilement de nouer le contact. Piotr ? Dis-je. Une dizaine de marins russes tournent la tête vers moi. Je m’approche en nageant, nous nous connaissons ? Tournoi d’Echec de Petrograd ?

La faim, le froid, se font sentir. Nous tentons de pêcher maladroitement les poissons qui nous frôlent. J’en ai attrapé un, et un gros ! crie soudain Piotr, fier de lui. Moi aussi, réponds-je. Mais ce ne sont pas des poissons. Je le lui dis. Zut, dit-il, c’est dommage. C’était une belle prise. Nous aurions eu à manger pour un moment.

Pris l’un et l’autre par le sexe, nous n’osons pas nous libérer. Mais ce n’est pas désagréable. Force est de le constater. Nous nous caressons longuement. Un marin, devisant sur la faune aquatique disponible sous cette latitude, demande à son camarade : Capitaine, est-ce vrai que certains requins sont attirés par l’odeur des sécrétions corporelles ? Balivernes, répond-il en éclatant de rire ! Pourquoi pas par le sperme tant que nous y sommes ! Alors, nous libérons dans l’océan nos jets longs, puissants, fournis. Autour de nous, de vastes ailerons émergent à la surface.

La lanterne magique

Quand l'étincelle a disparu, dans cette lanterne magique qu'est la tête, le film du monde est laid. On regarde le soleil qui s'y...